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Anne la prophétesse lisant la Bible - Rembrandt
Ce tableau (60 à 48 cm) de Rembrandt van Rijn date de l'année 1631 et se trouve au Rijksmuseum d'Amsterdam. Nous y voyons une femme âgée, habillée d'un somptueux manteau rouge, lire dans un grand livre ouvert devant elle. Tout fait croire que ce livre dans lequel elle est plongée est bien la Bible. Sa main est attentivement posée sur le texte et elle semble toute absorbée par sa lecture. Sa bouche légèrement ouverte donne l'expression qu'elle lit à haute voix la Parole de Dieu. Les experts pensent que la vieille femme peinte avec tant de tendresse et d'intensité est la mère de Rembrandt.
Le jeune Rembrandt nous a laissé de nombreux tableaux, des dessins et des gravures de ses parents et de ses proches. Sur quelques gravures nous retrouvons une femme âgée, représentée avec les mêmes traits et la même dignité. Rembrandt a grandi dans une famille protestante qui était depuis peu passé du catholicisme au calvinisme, comme beaucoup d'autres familles dans ce début du 17e siècle, dans un pays devenu officiellement calviniste au cours de la guerre des quatre-vingt ans contre l'Espagne catholique. La ville de Leyde, qui jouera un rôle majeur dans cette lutte de libération nationale, donnera aux pays la première université calviniste et aussi la première traduction officielle de la Bible de la nouvelle République des "Sept Provinces" : de "Statenvertaling". Dans les nombreuses imprimeries de Leyde voient le jour des bibles qui ressemblent à l'exemplaire du tableau.
Au début du 17e siècle tout un peuple est en train de découvrir et de lire la Bible. Il est donc tout à fait possible que nous soyons avec ce tableau devant un souvenir personnel du peintre : sa mère plongée avec tout son être dans l'Ecriture Sainte. Rembrandt lui-même ne sera-t-il pas lui-même absorbé tout au long de sa vie dans l'Ecriture Sainte et les grandes histoires bibliques ? Elles seront la source majeure de son art, depuis ses premières années jusque dans ses vieux jours. Il sera le peintre de la Bible par excellence par la profondeur dramatique et l'intensité humaine et spirituelle qui sera le secret de tant de ses tableaux bibliques. C'est bien dans sa propre famille et, je pense, surtout par sa mère, qu'il a reçu cet amour si profond et fécond pour la Sainte Ecriture. C'est ce qui rend ce tableau si émouvant : Rembrandt y exprime peut-être sa reconnaissance profonde envers à sa mère qui lui a introduit comme enfant dans le monde biblique et la foi dans l'Eternel.
La lumière qui semble venir d'ailleurs et qui inonde le livre semble aussi embrasser sa mère. N'est-ce pas là une image de l'Esprit de Dieu, Esprit de Lumière qui vient éclairer l'Ecriture et illuminer nos cœurs, quand nous sommes plongés avec une attention confiante dans La Parole de Dieu ? Rembrandt ne dit-il pas à chacun de nous que cette Parole peut venir éclairer nos vies jusque dans nos grands âges ? Cette Parole qui ouvre nos existences à l'immense espace de l'Amour de l'Eternel, même au milieu des murs, dans l'espace confiné de nos maisons ou au milieu des ombres et ténèbres autour de nous ou en nous ? La lumière de l'Eternel peut venir illuminer et apaiser nos vies dans la rencontre silencieuse avec une page de la Parole de Dieu. Voilà ce que Rembrandt a vu avec les yeux de son cœur sur le visage ridé de sa vieille mère lisant la Bible.
Andreas Lof