Croire face au mal
Croire face au mal
Au cours de trois soirées en mars et avril, nous nous sommes penchés sur la question difficile, mais non moins passionnante pour autant, du mal. Lors de chacune des trois soirées, la salle était bien remplie, les pasteurs Christian Baccuet et Lina Wackwitz ont donné des exposés et les discussions se sont déroulées avec passion et engagement.
Pourquoi le mal ?
D'où vient le mal ? Quel est son sens dans ce monde ? La première soirée a été consacrée aux questions du pourquoi et du comment. Pour ce faire, nous avons examiné les textes qui nous apprennent quelque chose sur l'origine du monde : les mythes de la création, le mythe de la Bible bien sûr, mais aussi d'autres cultures du bassin méditerranéen et de l'Orient ancien. En outre, nous avons osé un petit tour dans l'histoire de la tradition du christianisme occidental et, d'Augustin à Hannah Arendt, nous avons découvert des points de vue sur le mal.
Nos interprétations de la réalité du mal dans ce monde tissent souvent ces différentes tentatives d’explication : le mal est un chaos incontrôlable, il est une tragédie pour laquelle on ne peut rien, il est un conflit en soi-même entre corps et âme, il est une question liée à la liberté de l´être humain. Demeure la question de Dieu ; s’il est toute-bonté, d’où vient le mal ?
Dieu et le mal
Le deuxième soir, nous nous sommes plongés dans les récits bibliques eux-mêmes. Nous avons exploré l'image de l’être humain dans les premiers chapitres de l'Ancien Testament : Adam et Eve, Caïn et Abel, Noé et le déluge, la tour de Babel. Nous y avons découvert différentes images de Dieu et appris que la nature humaine a, dès le début, une tendance au mal et que, malgré cela, Dieu s'accroche à sa bonne création et fait alliance avec elle.
Puis nous avons ouvert le livre de Job, qui empoigne frontalement la question : pourquoi le malheur peut-il tomber sur quelqu’un de juste ? Au sein d’un conte classique qui met en scène le juste éprouvé qui garde la foi et en est récompensé, le livre de Job place une bombe qui fait voler en éclat les représentations traditionnelles ; Job se révolte, il crie son innocence, il refuse qu’il y ait un sens à la souffrance, il s’en prend à Dieu lui-même. Magnifique et long livre, à la fin duquel Dieu approuve ce qu’a dit Job, tout en lui rappelant qu’il serait prétentieux de vouloir « savoir ».
Que faire face au mal ?
Alors, si l’on ne peut savoir, que faire ? Le dernier soir, le regard s'est davantage orienté de la compréhension du mal vers la gestion du mal. Quand l’homme et la femme mangent le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ils ne sont pas maudits mais chargés, dans la dureté du monde, de donner la vie (Genèse 3). Quand Abraham est prêt à sacrifier son fils Isaac, il est appelé à se détacher de lui pour le laisser vivre et transmettre la promesse (Genèse 22). Quand on amène un aveugle de naissance à Jésus pour lui demander qui est coupable, le Christ détourne le regard de l’accusation vers le geste qui libère et ouvre le regard (Jean 9).
Nous avons ensuite parlé des phases de deuil et de souffrance, du déni, de la résistance et de l'acceptation. Nous avons évoqué des expériences personnelles et des souvenirs. Et à la fin, nous avons prié ensemble pour que Dieu nous aide à lutter avec lui contre le mal.
Lina Wackwitz et Christian Baccuet