Dans les coulisses du culte vidéo
Dans les coulisses du culte vidéo
Chaque dimanche depuis le 22 mars, à partir de 10h30, un culte d’une trentaine de minutes est diffusé sur la chaîne Youtube de la paroisse, puis est consultable sur le site, avec les fichiers texte et son. Que se passe-t-il avant la mise en ligne de la vidéo ?
Disons-le tout de suite, c’est de manière soudaine que nous avons été projetés dans le confinement. Ni Andreas ni moi n’étions préparés, pas plus techniquement qu’existentiellement, à proposer des cultes vidéo. Nous nous sommes lancés dans l’aventure de manière immédiate et pragmatique, avec les moyens du bord. Le format du culte – une trentaine de minutes, un décor repère, une parole simple et directe – s’est imposé de manière évidente, et au cours des semaines qui ont suivi le premier culte, il a été peaufiné en termes de réalisation comme en élargissement à la participation de musiciens et de lecteurs divers.
Avant l’aspect technique, il y a bien sûr le fond, qui est le plus important. Nous préparons ce culte comme nous le faisons habituellement pour les cultes dominicaux : prédication, prières, cantiques etc. Cette préparation est particulière pour les cultes vidéo, car il s’agit de partager une parole qui n’est pas en lien direct avec des personnes réunies en assemblée, dans un moment où les interactions enrichissent le culte et donnent corps à une parole partagée. Le culte vidéo fige la parole dans une forme qui va demeurer, que l’on pourra revoir plusieurs fois, et que peuvent voir des personnes que nous ne connaissons pas. Ce souci du témoignage extérieur durable demande une attention particulière à ce qui est dit.
Après réflexion en conseil presbytéral, nous avons écarté l’éventualité d’une célébration de la cène lors de ces cultes vidéo ; le risque d’une célébration spectacle était réel et, plus fondamentalement, que signifierait une communion où l’on est chacun chez soi, sans possibilité de se regarder au moment où on partage le pain et la coupe ? Pour ce qui est de la robe pastorale, deux logiques différentes existent, celle du port de la robe pour célébrer comme dans les cultes habituels dans nos temples et celle de l’absence de robe pour marquer la simplicité d’un culte vécu à la maison ; vous avez remarqué que nous avons gardé les deux possibilités et que, selon les cultes, le pasteur porte la robe ou pas. Il importe de dire aussi que nos musiciens nous manquent, Isabelle Sebah, Peter Vizard et Benjamin Intartaglia ; nous les retrouverons avec joie dès que cela sera possible !
Revenons à la préparation. Chacun des deux pasteurs, à tour de rôle, a la responsabilité d’un culte et gère son organisation et sa réalisation, tout en incluant l’autre car il nous très vite semblé qu’il était important pour les membres de la paroisse de nous voir ensemble. Il faut prévoir des lecteurs et des musiciens, leur envoyer les consignes techniques et récupérer la séquence vidéo qu’ils ont tournée chacun chez soi.
Après la préparation vient le temps du tournage. La salle Agapè, rue Madame, a été transformée en un modeste studio : décor, lumière, pied de caméra… Le décor est principalement composé de la Bible ouverte, d’une croix, d’une sculpture représentant une silhouette humaine (le Christ ressuscité, l’être humain libéré, le croyant qui danse… comme l’on veut !) et du tableau d’Anne-Laure Lavagna intitulé « la prière » qui était accroché dans la salle depuis quelques mois, prêté par l’artiste.
Le tournage se fait à l’aide de la caméra d’un téléphone mobile. Cela prend du temps car plusieurs prises sont souvent nécessaires. Le tournage peut être perturbé par des incidents techniques – moto qui passe dans la rue, lumière qui change, batterie qui se décharge – ou par des erreurs humaines – bafouillement… Chaque pasteur se filme lui-même, tout seul, pour des raisons sanitaires liées au confinement, à part les prises de vue d’Andreas au piano que je fais moi-même. Se filmer tout seul est étrange : il s’agit de lancer la prise de vue derrière la caméra puis de venir devant pour parler, seul dans une pièce ; mais, en regardant l’objectif, nous savons que vous serez derrière quand vous regarderez, et c’est à vous que nous parlons !
Une fois que toutes les séquences sont tournées, c’est l’heure du montage : mettre les séquences dans l’ordre, couper certains moments, veiller à la fluidité des enchaînements. Le montage est fait en partie par nous et en partie par Moïse Mounkoro. Nous lui envoyons les séquences plus ou moins montées, il les finalise, y ajoute les sous-titres, les paroles des cantiques et le texte de la lecture biblique, y joint le générique ; c’est un travail minutieux qu’il accomplit chaque semaine, pour lequel il donne beaucoup de temps et dont nous lui sommes reconnaissants.
Après vérification par les uns et les autres, la version définitive est mise en ligne par Moïse pour qu’elle soit publique le dimanche dès 10h30 sur la chaîne Youtube de la paroisse (https://m.youtube.com/channel/UCRxn1CI_xWePhmnK-CYck2A), sur le site (https://www.epupl.org) et sur la page Facebook (https://m.facebook.com/Pentelux). Moïse s’occupe aussi de mettre sur le site le fichier audio – on peut écouter le culte en faisant autre chose que regarder les images – et le fichier texte – on peut relire les prières, la prédication…
Vient le dimanche et la diffusion. Commence alors une autre histoire, celle du face à face de chacun avec Dieu, de la prière partagée même à distance les uns des autres, du cheminement de la parole en nous.
Nous ne savons pas encore jusqu’à quand durera cette aventure et comment se passera la suite, après que nous aurons recommencé à célébrer ensemble nos cultes dans nos temples. Mais ce que l’on sait, c’est que très nombreux sont ceux qui prient à l’aide de ces cultes vidéo : entre 500 et 1600 vues pour chaque culte. Sachant que derrière une vue il peut y avoir plusieurs personnes, puisque certains regardent en couple ou en famille, cela fait un nombre bien plus considérable de participants au culte qu’un dimanche dans nos temples ! Ce sera un défi : célébrer à Pentemont et rue Madame des cultes communautaires qui puissent être accessibles à d’autres qu’à nous-mêmes.
Christian Baccuet