Les contrastes du confinement

Méditation par le Pasteur Denis Heller, de l'EPU d'Asnières - Bois Colombes

Méditation par le pasteur Denis Heller, donnée le 16 mai 2020 au début du Conseil Régional de la Région Parisienne.

Les Contrastes du confinement

Avec ce que nous avons vécu ces derniers mois, et ce que nous vivons encore aujourd'hui, il y a matière à analyses, réflexions, interpellations ; Réflexions sur notre monde, nos sociétés, notre vie d 'Église. Nous sommes encore le nez dans le guidon et il faudra du recul, de la distance pour mieux comprendre ce que se vit et ce qui est en jeu en cette période de crise, de bouleversement.

Pour l'heure, je suis frappé par la réalité des contrastes, certains pourront dire des fractures.

Contrastes quand nous sommes passés brutalement de la mobilité à l'immobilité, de la liberté aux contraintes, de la nonchalance à la peur.

Contrastes entre ceux qui ont bien vécu ce temps de confinement au loin, avec de l'espace, dans leur résidence secondaire et ceux, entassés dans un logement restreint ;

Contrastes entre ceux pour lesquels ce temps a été un temps d’enrichissement personnel, voire de quasi retraite spirituelle et ceux qui ont été et qui sont en pleine détresse morale, psychique quand ce n'est pas familiale ou professionnelle,

Contrastes entre des personnes qui ont su rebondir et multiplier les liens par les réseaux sociaux et ceux, souvent âgés, qui ont souffert désespérément de solitude.

Contrastes entre ceux qui ont beaucoup travaillé de manière harassante, et ceux qui étaient complètement désœuvrés.

Contrastes entre ceux qui ont été pris et qui sont encore pris d'une véritable panique, de phobies comme paralysés, et ceux qui prennent ce temps particulier avec philosophie, recul, conscients

qu'il y a toujours risque dans une existence humaine.

Et il y aurait bien d'autres contrastes, en particulier celle de la fracture sociale grandissante, avec en France en avril 2020, des mères frappant aux presbytères car n'ayant pas à donner à manger à leurs enfants. Qui l'eût cru ?

Ces contrastes, ces fractures, nous allons les retrouver dans nos villes, dans nos Églises, dans nos conseils presbytéraux, nos groupes paroissiaux, peut être parfois en nous-même.

Une traversée de l'épreuve, qui pour certains « a fait grandir » et pour d'autres qui aura été dévastatrice .

Nous connaissions la Bible des contrastes du peintre -pasteur Henri Lindegaard.

Et bien le Psaume 42 est le Psaume des contrastes : une alternance de joies et de détresses, de sommets et d'abîmes avec la brutalité et la violence de ces contrastes et de ces oppositions. Voici le début de ce psaume :

Comme une biche soupire après des courants d'eau, Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu!2 Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant: Quand irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu?3 Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit, Pendant qu'on me dit sans cesse: Où est ton Dieu?

Il a même le souvenir de la joie qu'il avait autrefois d’avancer vers le temple !! 4Je me rappelle avec effusion de cœur Quand je marchais entouré de la foule, Et que je m'avançais à sa tête vers la maison de Dieu, Au milieu des cris de joie et des actions de grâces D'une multitude en fête.

Puis il replonge dans le désarroi et le découragement. 9Je dis à Dieu, mon rocher: Pourquoi m'oublies-tu? Pourquoi dois-je marcher dans la tristesse, Sous l'oppression de l'ennemi ?10 Mes os se brisent quand mes persécuteurs m'outragent,

Et malgré ces hauts et ces bas, ces chauds et ces froids, l'espérance ne le quitte pas.

« Pourquoi t'abats-tu mon âme et gémis-tu au dedans de moi. Espère en Dieu car je le louerai encore, il est mon salut et mon Dieu »

Il se parle à lui-même, comme beaucoup de personnes, m'ont-elles dit, l'ont fait en cette longue période d'isolement.

Une espérance chevillée au cœur malgré tous les malgrés.

Une espérance qui le fait avancer et le fait vivre ; qui lui permet de voir plus loin.

N'est-ce pas de cette espérance dont nos Églises ont à témoigner en paroles et en actes en cette période tumultueuse ?

Puissions-nous compter sur le souffle de la Pentecôte pour qu'il nous donne courage, audace et imagination.

Méditation Par Denis Heller

Pasteur de l'Eglise Protestante Unie

A Asnières- Bois Colombe