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Que ta volonté soit fête

"Peut-on faire la fête quand tout semble défaite ?" Edito du n°76 de la LPL - la Lettre de Pentemont-Luxembourg de décembre 2024.

 

Que ta volonté soit fête

Edito du n°76 de la LPL - la Lettre de Pentemont-Luxembourg de décembre 2024.

 

Noël approche ! Temps attendu par beaucoup, lumière et cadeaux, nuit et chaleur, Dieu venu en un bébé fragile et attendrissant, signe de paix sur la terre. Temps redouté par d’autres, stress des préparatifs, repas familiaux difficiles, solitude, étalage de consommation dans un monde d’injustice. Chacun de nous vit à sa manière ce temps qui reste une fête, quel que soit le goût que l’on y trouve, le sens qu’on lui donne ou ce que l’on en reçoit.

Une fête… Mais n’est-ce pas indécent de faire la fête quand le quotidien de tant de personnes est difficile ? N’est-ce pas égoïste de se réjouir quand tant de malheurs s’abattent sur la terre ? Ces questions m’habitent. Elles ne sont pas moralisantes, du type de celles qui nous culpabilisent dès que l’on est heureux ou nous démobilisent à force d’être des lieux communs. Elles sont pour moi existentielles.

La guerre et la violence sont répandues sur toute la planète ; on dénombre une soixantaine de conflits armés en cours. La haine et la peur gangrènent la terre même où toute l’histoire biblique se déroule, où Jésus est né et a vécu, dans les territoires où les premiers chrétiens ont témoigné de l’Évangile : en Galilée autour de Nazareth, en Judée autour de Bethléem et Jérusalem, dans le sud du Liban (Marc 7, 24), sur le chemin de Jérusalem à Gaza (Actes 8, 26), sur la route de Damas (Actes 9, 3)…

Peut-on faire la fête quand tout semble défaite ? Les récits bibliques de Noël sont traversés par cette violence. Ils n’évacuent pas l’épreuve et la souffrance. Dans l’évangile de Luc, Jésus naît dans un pays occupé par les Romains, dans une ville où les autorités ont contraint ses parents à se déplacer, dans l’étable d’une auberge trop pleine, visité par des bergers qui étaient alors des exclus méprisés parce que considérés comme impurs. Dans l’évangile de Matthieu, les parents de Jésus doivent s’enfuir en Egypte avec leur bébé pour échapper à la folie sanguinaire du roi Hérode. Le ministère de Jésus va ensuite traverser le mal et l’hostilité, jusqu’à la croix, la mort physiquement cruelle et socialement honteuse, signe du rejet de Dieu par les puissants de ce monde – par nos propres bouffées de toute-puissance. Dieu vient à notre rencontre dans la profondeur de notre histoire.

Au sein de ce monde, Jésus-Christ est l’irruption de la joie de Dieu. Ses paroles, ses gestes, sa présence, sa résurrection, sont des éclats de lumière dans les ténèbres. Dans la nuit de Noël, l’ange annonce aux bergers « une bonne nouvelle qui réjouira beaucoup tout le peuple » (Luc 2, 10), puis le chœur des anges chante « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu'il aime ! » (Luc 2, 14). Paroles de fête ! Et début d’une fête qui, même si elle est encore entachée de tant de drames, ne demande qu’à se répandre. Et comment pourrait-elle se répandre si nous n’en étions pas les porteurs ? 

Ne pas faire la fête, c’est accepter la défaite. Faire la fête, c’est s’engager à défaire le mal en nous et autour de nous. Humblement, modestement, mais réellement. Fêter Noël, c’est recevoir à nouveau la bonne nouvelle de joie et de paix dont nous avons besoin… et dont le monde a besoin. Ce n’est pas oublier le monde, au contraire ; c’est s’emplir de lumière pour qu’elle déborde de nous. Alors, joyeuse fête de Noël !

Pasteur Christian Baccuet