Sortie ornithologique — Église protestante unie de Pentemont-Luxembourg - Communion luthérienne et réformée

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Sortie ornithologique

Sortie proposée par le groupe Eglise verte et Roland Guichard.
  • Quand

    le 06/03/2025 de 14h30 à 17h00

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Sortie ornithologique

Soirée proposée par le groupe Eglise verte et Roland Guichard.

 

 

 

A l’occasion du culte des moissons qui s’est tenu dimanche 29 septembre à Pentemont, Roland Guichard, les yeux au ciel, nous a raconté sa rencontre avec de drôles de pèlerins.

Les oiseaux rares

Le 18 mai 2023

Je fais des courses dans Boulogne. L’avenue est bruyante parmi tous ces bruits je distingue des cris inhabituels et répétés un « Kiek kiek kiek ». Je pose mes sacs. A 50 mètres de haut, tourne un rapace et plus haut encore un autre rapace plus petit. C’est un couple.

Surprise. Dans la journée j’identifierai un couple de Faucons Pèlerins. Je reçois cette nouvelle comme un cadeau. Le Faucon Pèlerin est un oiseau rare. Pour l’Egypte ancienne, c’est Horus. Un rapace qui chasse ses proies en vol à très grande vitesse.

Avec des amis ornithologues nous surveillerons son aire. Trois jeunes seront à l’envol.

 

Le vendredi 14 juin 2024

Un an plus tard je vais faire un affût pour déterminer le nombre de jeunes qui composent la nichée de l’année.

Je suis au pont de Billancourt, dans le bruit, au milieu d’un trafic intense, je dois rester attentif, vigilant et patient. Faire un affut à la faune sauvage en pleine ville est un projet saugrenu. A mes pieds, je remarque une crotte de renard.

Au début je ne vois rien. Puis, je vois furtivement deux jeunes Pèlerins posés sur le toit terrasse. Ils disparaissent vite hors de ma vue. Pas de femelle ni de mâle. Ils doivent chasser. Les jeunes ne sont pas autonomes. Après une trentaine de minutes, trois goélands bruns adultes viennent planer au-dessus de la tour et se rapprochent. J’imagine le stress des jeunes. La mère et le père ne sont pas là pour les protéger. Les goélands vont se poser. Ils sont impressionnants avec leurs 1,50 m d’envergure.

Je vois alors la femelle qui arrive par l’Ouest, fonçant sur eux et faisant mine de les pourchasser, sans les toucher. Ils s’en vont. La femelle ne les poursuit pas.

Elle se pose bien en vue au sommet d’un pilier de la tour. Elle se montre. Elle marque sa présence.

Après 5 mn, elle repart chasser.

 

Elle prend de la hauteur avec un vol battu rapide et puissant. Elle se dirige vers Meudon monte en prenant un courant ascendant. Dans les jumelles je la voie piquer à 45 °. Rien. Elle remonte très haut à perte de vue. Grands ronds dans le ciel. Très long piqué à 45 °, vers des oiseaux volant vers l’Est. Dans mes jumelles au moment de l’impact (entre 150 et 300 km/h), je vois un oiseau chuter à la verticale sur une quinzaine de mètres. Je pense à la chute de l’oiseau mort sous le coup de la frappe. Je vois le Pèlerin plonger à son tour pour le rattraper. A ce moment-là je vois l’oiseau filer à l’horizontale en zigzagant. La proie, un pigeon, s’était laissé tomber comme une pierre dans un sursaut final avant de prendre la fuite. Dans mes jumelles j’étais parmi eux.

C’est un émerveillement. Tout cela se passe au-dessus de la ville grouillante d’activité. Je viens d’assister à une scène de chasse avec un dénouement surprenant.

Je suis dans les airs. Les bus se croisent, je ne les entends plus.  C’est l’émerveillement décrit par Maurice Zundel. C’est ce passage de l’extérieur à l’intérieur de soi. Ce prêtre suisse nous propose cette expérience contemplative comme un moment essentiel de la vie.

Dans l’émerveillement on s’oublie, on trouve l’étonnement, le vraiment tout autre et aussi pour moi le Tout-Autre (avec un grand T). Deux pensées me viennent à l’esprit, il faudrait sans doute commencer par l’expérience de la beauté et de l’appartenance à toute cette vie, avant de jongler avec le flux du carbone. Je pense aussi au Petit Prince de Saint-Exupéry. Je deviens moi aussi responsable des oiseaux que je viens d’observer.

Sur la place Saint-Sulpice, un oiseau aime se tenir sur le bras droit de la statue de St Matthieu. Regardez la tour gauche de l’église. Vous verrez à la fin de l’hiver, une femelle Pèlerin. Je l’ai observée le 17 février dernier. La volée de cloches des Vêpres ce jour-là ne l’a pas dérangée. Le mâle caché dans la tour est sorti comme une flèche avant de revenir se poser. Ils sont l’un des deux seuls couples de Faucons Pèlerins de Paris.

Alors, s’il vous plait, si vous faites vos courses dans Paris, et si vous entendez « Kiek kiek kiek », arrêtez-vous. Posez votre sac et levez les yeux vers le ciel, c’est peut-être un Pèlerin qui vous fait signe !

Roland Guichard