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Confiance, priez et redressezvous !

Prédication du dimanche 1er décembre 2024, par Annette Preyer

 

Confiance, priez et redressez-vous !

Prédication du dimanche 1er décembre 2024, par Annette Preyer

 

 

 

Lectures bibliques :

  • Jérémie 33, versets 14 à 16
  • Luc 21, versets 25 à 36

 

 

Chères sœurs et chers frères,

Nous voici arrivés à la fin de l’année, nous célébrons le premier dimanche de l’Avent, l’Avent, l’attente joyeuse de la venue du Christ, cet enfant nouveau-né, dans une crèche avec Marie et Joseph, sa mère et son père, nous allumons la première bougie sur notre couronne de l’Avent, les enfants ont ouvert la première fenêtre de leur calendrier de l’Avent, dehors la nuit tombe plus tôt et les températures baissent, ce qui souligne par contraste la douceur des soirées en famille, à la maison. C’est le temps des pommes au four et du vin chaud.

Puis ce texte apocalyptique qui nous est proposé pour la méditation par le calendrier liturgique. Un texte de Luc qui dérange, qui secoue, qui bouscule.

Dieu est amour, bonté, fidélité, il ne veut que notre bien. Donc il ne va pas nous donner des paroles destructrices, toxiques. L’évangile est une bonne nouvelle. Où est la bonne nouvelle dans ce passage de l’évangile de Luc ? Cherchons à comprendre ensemble.

 

Nous sommes donc au chapitre 21 de l’évangile de Luc qui en compte 24. Jésus a fait une entrée triomphale à Jérusalem. Il a chassé les vendeurs du temple. Et les autorités juives, gardiens du temple cherchent plus que jamais à le piéger et le tuer. Jésus et ses disciples passent les nuits au mont des Olivier et le jour, Jésus enseigne dans le temple. Ses disciples sont en admiration devant la beauté et la richesse de l’édifice majestueux … et Jésus leur annonce la destruction de ce bâtiment grandiose, somptueux. Les disciples savent que le temple a déjà été détruit une première fois, 600 ans auparavant, mais là il semble bâti pour l’éternité. Alors ils veulent savoir quand cela va arriver et quel en sera le signe avant-coureur.

De fait, Luc écrit après le saccage de Jérusalem et de son temple en l’an 70, seconde et définitive destruction. Mais dans ce chapitre 21, il fait dire à Jésus : nul ne sait quand cela va intervenir. Dieu seul le sait.

Pas de date, mais Jésus leur parle et nous parle des signes.

Les versets juste avant notre passage disent : 21, 9 « Quand vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous effrayez pas ; il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. »

A nouveau, l’échéance n’est pas précisée.

Et Jésus ajoute : 10 « Car on se dressera peuple contre peuple, royaume contre royaume ; 11 il y aura de terribles tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; il y aura aussi des phénomènes effrayants et des signes impressionnants venant du ciel. »

Cela pourrait être le texte d’un présentateur des actualités du jour : guerres et morts partout ; l’agression russe contre l’Ukraine, des bombes et destructions au Moyen Orient.

Ces versets nous parlent, comme ils ont dû parler aux chrétiens sous l’empire romain ou, par exemple, à ceux et celles qui vivaient pendant la première ou la deuxième guerre mondiale.

Pareil, côté épidémie, nous avons donné avec le Covid en 2020. La variole du singe sévit en Afrique. Ailleurs, le chikungunya, la dengue et le zika sont actifs. Avant l’invention de la vaccination, les épidémies étaient fréquentes. Pensez à la peste en Europe au milieu du 14ème siècle ou à la grippe dite espagnole en 1918.

 

Jésus dit encore

16 « Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, vos sœurs, votre famille et vos amis ; on fera condamner à mort plusieurs d'entre vous. 17 Tout le monde vous détestera à cause de moi. »

Dans notre société, il y a de la colère et de l’incompréhension. Il y a de la peur, peur de l’avenir. La violence monte partout, un automobiliste qui écrase volontairement un cycliste, et même dans des lieux d’accueil comme le foyer de Grenelle de la mission populaire il faut prendre des mesures pour que les personnes accueillies et les bénévoles se sentent en sécurité.

 

Voici ce que Jésus déclare dans notre passage du jour :

25 « Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Sur la terre, les populations seront dans l'angoisse, rendues inquiètes par le bruit violent de la mer et des vagues. 26 Certains mourront de frayeur en pensant à ce qui devra survenir sur toute la terre, car les puissances des cieux seront ébranlées. »

 

On dirait un résumé des catastrophes arrivées dans le monde cette année :

La planète étouffe et brûle – pensez aux morts lors du pèlerinage de La Mecque, en Arabie Saoudite, à l’Acropole fermée à Athènes, en Grèce, à Pékin écrasé sous plus de 40°C – la planète brûle … et bois la tasse – vous avez sûrement tous et toutes devant les yeux les images des inondations dans le Var, puis à Valence en Espagne – la planète brûle, se noie et perd de plus en plus d’espèces, de plantes, d’insectes, à un rythme de plus en plus accéléré.

Ces temps-ci, trois conférences internationales COP soulignent l'interdépendance des crises. En Colombie, la COP a parlé de la perte de biodiversité. L'instabilité climatique était le sujet à Bakou, en Azerbaïdjan. Demain s’ouvre à Riyad en Arabie Saoudite la COP sur la dégradation des terres. Et entretemps, 170 pays auraient dû arriver à un traité sur la pollution plastique négocié en Corée du sud – et risquent de se séparer sans résultat, si j’ai bien vu les nouvelles de ce matin.

 

Les mauvaises nouvelles, nous en avons assez. Nous ne venons pas au culte pour en recevoir encore. Pourquoi lire un tel texte maintenant ? Parce qu’il est vrai ! Il représente ce que nous vivons dans notre quotidien, tous les jours de notre vie, et l’approche de Noël n’est pas une exception.

Alors en ce premier dimanche de l’Avent comment annoncer ce que nous croyons ? Pouvons-nous prendre les paroles de Jérémie pour nous-mêmes ? « Le Seigneur est notre justice ». Jésus, le descendant de David, apportera-t-il la justice, la liberté et la sécurité ? Quel est notre message ? Est-ce que nous nous contentons de répéter quelques versets bibliques, espérant que... et oui, qu’est-ce que nous espérons au juste ?

 

Les anciens considéraient que les catastrophes naturelles étaient envoyées par les dieux en punition des péchés que l’humanité avait commis contre eux. Au temps de Jésus, elles étaient de plus interprétées comme les signes avant-coureurs de la fin des temps, comme des événements « apocalyptiques ».

Le genre littéraire apocalyptique est né au 2ème siècle avant Jésus-Christ. « Apocalypse » du grec « apokalupsis » signifie « révélation, dévoilement ». Ce style utilise de nombreux symboles, images et métaphores pour produire une émotion et un message. Dans la bible, ce mode d’expression se trouve chez Daniel dans le Premier Testament, dans l’Apocalypse, qui clôt le Nouveau Testament, et aussi ici. Cette forme d’écriture symbolique entend donner au croyant des indices sur le sens du monde et la venue imminente du royaume de Dieu. Leur message : même quand tout semble sombrer, Dieu aura le dernier mot. Le mal sera vaincu par Dieu.

Jésus n’est pas l’inventeur des discours apocalyptiques. C’est pour lui une manière de s’adapter à notre manière archaïque de voir les choses pour faire passer la nouveauté de son message.

Il continue :

27 « Alors on verra le Fils de l'homme venir dans une nuée, dans toute sa puissance et sa gloire. 28 Quand ces événements commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance sera proche. »

 

Quand tout va mal, quand les non-chrétiens tremblent de peur, nous, les disciples du Christ sont invités à faire face, à nous redresser et à relever la tête.

Vous savez bien, qu’il y a un lien entre notre attitude physique et notre disposition psychique. La tristesse, les soucis se voient par une tête baissée, un regard sur ses pieds, les épaules voûtées, une démarche trainante. La personne qui va bien avance bien droite, son dynamisme s’exprime par la vigueur de ces gestes. Et l’inverse est vrai : se redresser, sourire, transmet de la tonicité à notre esprit.

Imaginez, alors que vous êtes dans une mauvaise passe, la voix d’une personne qui vous aime et qui est à vos côtés, qui vous aide à vous redresser et qui vous commande « debout ». Cela soutient !

Qui regarde ses pieds, ne voit pas loin. Quand la tête est relevée, l’horizon est plus large. Pour faire face, regardons ce qui se passe !

 

D’accord, mettons-nous debout. Mais qu’en est-il de la venue du Christ. Depuis 2000 ans, nous attendons le Fils de l’Homme. Et la rédemption annoncée comme proche, cette libération de tous les esclavages ? Pour les premiers chrétiens, il était évident que leur génération ne passerait pas sans que le ressuscité ne revienne « dans une nuée, dans toute sa puissance et sa gloire ». Mais Luc, qui écrit vers 80, 50 ans après la mort et la résurrection du Christ, savait en fait déjà que les paroles du Christ qu’il transcrit ne sont pas à prendre au pied de la lettre.

La rédemption, la libération de tous les esclavages permet d’accueillir l’amour inconditionnel du Père. Luc nous dit que le Royaume est à venir et qu’il est déjà là. Au chapitre 17 de notre évangile, Jésus a dit « Le règne de Dieu ne vient pas comme un événement qu'on pourrait voir venir. […] Sachez-le, le règne de Dieu est au milieu de vous. »

Dieu est amour. Jésus nous invite à aimer notre prochain comme nous-même. Dans chaque acte d’amour, Il est là, il est à l’œuvre. Le règne de Dieu est dans nos relations, quand l’amour est plus fort que la mort.

D’ailleurs, les catastrophes ou plutôt les élans de solidarité et de générosité insoupçonnés qu’elles suscitent en témoignent. Souvenez-vous aussi de toutes les initiatives pendant les confinements liés au Covid. Ici même, dans notre communauté, la volonté de garder les liens, par exemple avec les chaînes téléphoniques que l’Entraide EPL a coordonnées. Le Seigneur est présent dans nos communautés d’église, quand nous formons un cercle autour de la table de la Sainte Cène.

 

Changement de décor. L’évangéliste Luc nous amène dans la nature.

29 Jésus leur dit cette parabole : « Regardez le figuier et tous les autres arbres : 30 quand vous voyez leurs feuilles commencer à pousser, vous savez que l'été est proche. 31 De même vous aussi, quand vous verrez ces événements arriver, sachez que le règne de Dieu est proche. 32 Je vous le déclare, c'est la vérité : cette génération ne passera pas avant que tout cela n'arrive. 33 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. »

 

Etrange, pour moi, en bonne citadine, qui ne connaît rien à la faune et la flore, les fleurs et les fruits annoncent l’été. Mais les feuilles ? Alors je me suis intéressée au figuier. Avez-vous déjà vu un figuier en fleur, je veux dire comme un cerisier ou un pommier avec de jolies fleurs aux pétales délicates, blanches, roses ? Non, et pour cause. La fleur du figuier ressemble à une petite figue pas mûre. Elle apparaît avant les feuilles qui annoncent bien l’été.

Le figuier est un arbre très présent dans la Bible. On le trouve dès les premiers chapitres, puisque c’est avec des feuilles de figuier qu’Adam et Eve se sont confectionné des pagnes après avoir mangé le fruit qui leur était interdit.

Comme la vigne, le figuier est l’image du peuple juif. Le figuier symbolise la paix, la prospérité, l’abondance. Il représente aussi un lieu d’étude de la Torah, la Loi de Moïse.

Les disciples de Jésus savent tout cela. Ils connaissent les écritures et ils ont observé la végétation. Jésus fait appel à leur bon sens et à leurs compétences, ils savent interpréter ce qu’ils voient, ils savent prévoir les conséquences des événements, faire des hypothèses sur les conséquences de leurs propres actes. Cela va avec le « relevez la tête et mettez-vous debout ». Jésus fait appel à notre capacité d’humains d’abord de regarder, de constater, puis de penser, de raisonner et d’agir.

 

Le premier message du texte d’aujourd'hui serait donc : oui, le monde va mal, très mal, ET dieu nous aime, est à nos côtés, quoi qu’il arrive. Confiance ! Le deuxième message : il nous veut debout et fait confiance en nos facultés de comprendre ce qui se passe et de le traverser avec lui.

 

Nous arrivons aux derniers versets de notre passage qui nous dit comment faire :

34 « Prenez garde ! Ne laissez pas votre esprit s'alourdir dans les fêtes et les beuveries, ainsi que dans les soucis de cette vie, sinon le jour du jugement vous surprendra tout à coup, 35 comme un piège ; car il s'abattra sur tous les habitants de la terre entière. 36 Ne vous endormez pas, priez en tout temps ; ainsi vous aurez la force de surmonter tout ce qui doit arriver et de vous présenter debout devant le Fils de l'homme. »

 

Là, je ne suis pas d’accord avec la traduction de la bible en français en courant. Jésus n’a jamais proscrit les fêtes ; dans l’évangile de Jean, à l’occasion d’une fête de mariage, il transforme même de l’eau en vin, et en grandes quantités ! Je ne connais pas le grec ancien, mais toutes les autres traductions emploient des mots qui caractérisent l’excès comme l’ivresse ou l’orgie.

 

Je comprends que Jésus nous conseille de ne pas nous étourdir dans l’alcool ou la drogue, ni de laisser les difficultés de nos vies prendre toute la place. Dans nos journées aux agendas remplis à ras, entre le réveil qui sonne alors que nous sommes encore si fatigués, et le moment où nous nous effondrons épuisés dans notre lit, quand prenons-nous du temps pour la prière, de la méditation, un temps pour nous adresser au Seigneur, pour lui rendre grâce, un temps de silence pour tendre l’oreille à ce qu’il veut nous dire ? C’est merveilleux : en fait, nous pouvons parler à Dieu où que nous soyons – et avec nos mots. Dans le métro, dans la queue du supermarché, en forêt, dans notre oratoire personnel. Cette relation au tout Autre nous offre des moments de paix, de sérénité, d’éternité ; elle nous permet de rester éveillé, attentifs à notre entourage, à nos prochains.

 

Les messages de notre passage pourraient donc se résumer comme suit : Dans les détresses de ce monde tourmenté, sachez que vous êtes aimé de Dieu, que le Royaume est parmi vous, restez debout, soyez acteurs de votre vie et priez pour en avoir la force.

 

Le temps de l’Avent qui commence aujourd'hui est l’occasion de renouveler notre espérance en ce Dieu amour, vainqueur du mal et de la mort. L’espérance n’est pas l’illusion que « tout ira bien », mais la certitude que Dieu est avec nous quoi que nous ayons à traverser. Vivre dans l’espérance signifie éveiller notre conscience à la présence de Dieu, accueillir ce qu’il nous donne. L’espérance nourrit notre envie de rendre ce monde plus conforme au royaume de Dieu.

Dieu ne peut pas empêcher ceux et celles qui veulent faire le mal et nous devons vivre dans ce monde avec ses craintes et ses pressentiments de désastre. Nous le pouvons car nous nous savons aimés par Dieu. Il nous commande : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés et Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A travers l’amour entre nous, Jésus Christ est présent, aujourd'hui et jusqu’à la fin des temps.

 

Amen