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Dieu nous a choisis

Prédication du dimanche 2 juin 2024, par le pasteur Christian Tanon

 

Dieu nous a choisis, ou : ce Dieu qui prend des risques avec nous

 

Prédication du dimanche 2 juin 2024, par le pasteur Christian Tanon

 

Lectures bibliques :

  • Esaïe 45, versets 1 à 6
  • Jean 15, versets 16 et 17
  • 2 Corinthiens 4, versets 7 à 15

 

 

C’est Dieu qui choisit

 

Dieu choisit qui il veut pour accomplir ses desseins.

Nous voyons dans notre lecture du prophète Esaïe qu’il a choisi le roi de Perse : Cyrus pour libérer le peuple d’Israël en exil à Babylone et lui permettre de rentrer à Jérusalem et reconstruire le Temple. Cela se passe en 540 avant JC « Ainsi parle le Seigneur à son oint, Cyrus, dont j’ai saisi la main (ou celui que j’ai choisi) » c’est le verset 1.

Dieu choisit qui il veut pour accomplir ses desseins, il peut même choisir des non croyants ! Cyrus était perse, il ne connaissait pas le Dieu un, le Dieu au-dessus des dieux. Mais Dieu l’a oint, c’est-à-dire, choisi, élu, pour une mission.

 

Le mot élu, élection, se retrouve un peu plus loin :  

Et au verset 4 : c’est à cause de mon serviteur Jacob et d’Israël mon élu, que je t’ai appelé par ton nom.

Là il s’agit de l’élection d’Israël, dont la mission était et est toujours d’être la lumière des nations, à savoir, témoin du Dieu un au-dessus des idoles païennes.

 

Nous aussi, nous avons été choisis. Appelés par notre nom, chacun, pour accomplir une mission particulière, différente selon les uns ou les autres.  Mission petite, moyenne ou grande aux yeux des hommes, mais toujours grande aux yeux de Dieu.

 

Nous allons voir tout ce qu’implique cette élection divine, en particulier dans les temps troublés, sombres dans lesquels nous sommes plongés en ce moment.

 

Tout d’abord, il faut rappeler que c’est Dieu qui choisit.

Ce n’est pas le peuple d’Israël qui a choisi son Dieu mais Dieu qui a choisi son peuple.

C’est comme le pécheur au bord d’un lac : c’est lui qui prend les poissons, ce n’est pas les poissons qui prennent le pêcheur. Ce n’est pas le vase qui choisit son potier. Le créateur choisit ses créatures et non l’inverse.

 

Nous sommes venus à l’Église ce matin. Puis-je dire : j’ai choisi d’être chrétien ?

En réalité, avant même que nous en soyons vraiment conscients, Dieu nous avait déjà choisis. Il nous a cherché, il nous a parlé, il nous a fait rencontrer des témoins de la foi. Et nous avons répondu à son appel.

 

Selon l’Evangile de Jean, Jésus dit à ses disciples : « ce n’est pas vous qui m’avez choisis, mais moi je vous ai choisis ». Je pense d’ailleurs que si les hommes à l’époque de Jésus s’était choisi un Messie, il n’aurait en rien ressemblé à Jésus de Nazareth, mais plutôt à un nouveau roi David, ou à un militant comme Judas Macchabé, qui avait réussi à repousser l’occupant grec et établi un royaume d’Israël indépendant.

 

Il choisit selon quels critères ?

 

Si c’est Dieu ou Jésus qui nous a choisis, la question est : pourquoi nous a-t-il choisis ? Selon quels critères ?

 

Je reviens d’un voyage à Madagascar et je voyais au bord des routes des gens sans doute très pauvres qui transportaient des briques. Il y avait aussi des petits tas de briques abîmées que personne ne prenait. Tout naturellement, ils choisissaient des briques en bon état.

Eh bien Dieu ne fait pas comme ça avec nous : il ne choisit pas les gens parfaits, aux formes bien carrées pour en faire des disciples !  Il nous prend avec nos qualités et aussi nos défauts.

Quand Dieu s’est révélé à moi un jour (j’avais 24 ans) à travers la Bible, je peux vous dire que j’étais comme une brique toute abîmée, aux formes plutôt tordues !

 

Dans l’épître de Paul aux Corinthiens, Dieu demande aux premiers chrétiens de porter un trésor dans des vases de terre, vases qui sont fragiles et parfois fissurés. Mais cette fragilité n’affaiblit pas leur témoignage. Au contraire : « nous portons ce trésor dans des vases de terre, pour qu’une puissance aussi extraordinaire soit attribué à Dieu, et non pas à nous. » (II Corinthiens)

Je connais une dame qui témoigne de sa foi malgré son handicap physique, étant atteinte d’une maladie orpheline qui l’empêche pratiquement de marcher et la rend complètement dépendante. L’aide-soignante qui vient le matin lui demande parfois : « Madame, comment arrivez-vous à tenir, et rester si joyeuse ? »

c’est ma foi en Jésus Christ qui le permet, répond-elle.

Et son témoignage est source de joie en elle, en même temps qu’un enseignement marquant pour l’autre, plus marquant que bien des sermons !

 

Lorsque Dieu choisit Israël pour être son peuple, ce n’est pas à cause de sa grandeur, ni de sa sagesse, ni de ses mérites. Dans le Deutéronome au chapitre 7 : « Si le Seigneur s’est attaché à vous et s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous êtes plus nombreux que les autres. Vous êtes un peuple petit. » (Dt 7, 7) Etonnant !

 

On pourrait presque se demander si le Seigneur ne prend pas systématiquement le plus petit, ou le plus faible, pour en faire son témoin à l’égard du monde. Sachant cela, nous ne pouvons en aucune manière nous enorgueillir d’avoir été choisis, en aucune manière nous croire supérieurs aux autres.

 

A l’époque, le peuple d’Israël était un petit peuple, coincé entre deux peuples beaucoup plus puissants que lui : l’Assyrie au Nord-Ouest, et l’Egypte à l’Est.

 

Pourquoi Dieu a-t-il choisi ce petit peuple plutôt que l’Egypte, qui avait une culture bien plus ancienne, ou l’Assyrie (puis la Babylonie) qui avait une puissance et un rayonnement nettement plus important que celui d’Israël ? Pourquoi ?

 

On peut se poser la même question, en remontant dans l’histoire : pourquoi Dieu a-t-il choisi Moïse pour aller parler au pharaon et lui demander de libérer les esclaves hébreux ?  Ce Moïse qui était le plus mal placé pour se présenter devant le grand roi d’Egypte, et qui en plus avait du mal à parler !

On peut trouver des raisons, mais cela reste un mystère. Pourquoi Dieu a-t-il choisi la jeune Marie pour donner naissance au Messie ? Pourquoi Jésus a-t-il choisi ses douze apôtres ? Pourquoi ?

 

C’est le mystère de l’élection.  Je parle de l’élection divine, qui n’a pas grand-chose à voir avec l’élection d’un futur Président de la République. Ou le recrutement de collaborateurs par un chef d’entreprise, ou même le choix des futurs membres de Conseil presbytéral.s

 

 

Vous êtes-vous posé la question : pourquoi suis-je chrétien ? plutôt qu’athée, agnostique ou animiste, ou juif ou musulman ?

Permettez-moi de citer les propos d’un Evêque (le cardinal Etchegarray :

 

Pourquoi suis-je chrétien ? drôle de question ! J’ai envie de répliquer : allez le demander au Christ lui-même !

C’est lui qui m’a saisi.

Moi, je me suis laissé faire. J’ai beau m’évertuer à assumer en adulte le baptême de mon enfance, je ne cesse de voir que c’est Lui, toujours Lui qui fait le premier pas vers moi, le pas de l’amour, le pas du pardon. Et moi, je ne fais que sauter de joie, comme un gosse qui sort de l’eau, tout ruisselant de soleil.

Fin de citation.

 

 

Choisis pour quoi faire ?

 

Nous avons été choisis tels que nous sommes. Il n’y a pas que le pasteur qui est dans ce cas, mais aussi les anciens, les catéchètes, le groupe de louange, les musiciens, la gardienne, celle qui a disposé un bouquet de fleurs, et tous ceux qui assument une responsabilité dans notre communauté.

Et vous tous, les baptisés en Christ… vous avez été choisis !

 

Choisis pour faire quoi ? dans quel but ?

Si le critère de sélection reste un mystère, le but de la sélection lui, n’est pas un mystère.

Les vignerons sont recrutés pour travailler à la vigne et produire de beaux raisins.

 

Le peuple d’Israël a été choisi :

pour glorifier le vrai Dieu,
pour attester que le Seigneur est un, c’est cela le bon raisin : c’est la bonne réputation de Dieu dans le monde.
pour attester qu’il est au-dessus de tous les dieux que les hommes ne cessent d’inventer. Voilà la mission du peuple de Dieu.

 

Et notre mission, peuple de Dieu en Jésus Christ, ne fait que prolonger celle d’Israël, annoncer au monde la Bonne nouvelle de Jésus Christ, une autre façon de rendre gloire à Dieu.

Choisis pour témoigner autour de nous. Pour rayonner de l’espérance et la joie profonde que Dieu a planté en notre cœur.

 

L’élection n’est pas une fin en soi. Nous sommes choisis non pas pour servir nos intérêts, pour mais pour servir celui de Dieu et des hommes.

 

L’élection n’est pas un privilège ! l’élection est un service.

 

L’élection n’est pas une belle route toute plate et bien goudronnée, mais une route qui monte et qui descend, avec plein de nids de poule et des pavés sortis de la chaussée qu’il faut contourner.

 

Ce Dieu qui prend des risques avec nous.

 

Encore un point. En nous choisissant, Dieu ne prend-il pas un risque ? Cette idée d’un Dieu qui prend des risques avec nous est assez étrange, et pourtant : regardez le peuple Hébreu que Dieu a fait sortir d’Egypte : l’entreprise a bien failli échouer à plusieurs reprises. Avec le veau d’or par exemple.

 

Une autre entreprise qui a bien failli échouer : celle de Jésus qui a choisi 12 disciples : quand il fut arrêté au Jardin des Oliviers, ils se sont tous enfuis, et l’un d’entre eux s’est pendu peu après. A deux doigts de la faillite totale, l’entreprise Jésus !

 

Regardez l’histoire du Christianisme à travers les siècles, voilà encore une entreprise qui a failli échouer aux heures sombres de son histoire. Dieu choisit et prend des risques.

 

En matière de foi, rien n’est gagné d’avance.

Le pasteur et théologien Alphonse Maillot dit ceci : Dieu prend le risque de sortir de son splendide isolement pour engager sa réputation dans une alliance avec un petit peuple de rien du tout qu’il a sorti de la fange où il croupissait en Egypte. Par amour. Pour lui offrir le bonheur. Charge à ce peuple de le représenter sur terre : tel est le sens de son élection.

Fin de citation.

 

Le risque, c’est que celui qui a été sélectionné ne soit pas à la hauteur : pire : qu’il porte ombrage à la réputation de Dieu dans le monde.

Et cela se produit encore de nos jours : à chaque fois qu’au nom de Dieu des hommes d’Eglise asservissent ou humilient d’autres hommes (ou d’autres femmes) il y a contre-témoignage.

 

Quelle merveille que notre Dieu qui prend avec nous tous les risques ! Il est Dieu, c’est pourquoi il persévère dans sa confiance en nous. Par amour.  Il n’a pas peur pour sa réputation. Elle a été bafoué maintes fois, et le sera encore !

 

Choisis pour le bonheur

 

Il nous choisit, et en plus il nous promet le bonheur. Dans un autre passage du Deuteronome : « tu observeras mes commandements tels que je les institue pour toi aujourd’hui, afin que tu sois heureux, toi et tes fils après toi… » . Ce bonheur promis n’est pas pour la fin des temps, mais pour aujourd’hui et demain, pour nous et nos descendants.

Et le prophète Jérémie l’a dit en ces termes : « Je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Éternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance » Jérémie 29. 11

 

Le bonheur, ou la joie, qui surgit comme un geyser.

 

Qui est comme une force qui nous fait avancer,

 

comme une source qui nous abreuve tout au long du chemin rocailleux,

 

comme un feu qui nous illumine et nous rend rayonnants de la lumière de Dieu

 

Voilà ce qui nous attend, frères et sœurs, nous qui avons été choisis.

 

Nous avons été choisis pour être artisans de paix. Et le monde en a besoin plus que jamais. Nous pouvons nous sentir impuissants face aux forces militaires qui se déchaînent, et à la distance qui nous sépare des lieux de conflits, mais nous pouvons agir dans notre environnement immédiat.

Nous pouvons ne pas crier avec les loups, ne pas céder à la violence verbale,

et rappeler que notre Dieu est un Dieu de paix et non de violence.

 

Nous sommes fragiles et impuissants, mais nous savons pour quelle grande œuvre nous agissons. Nous apportons notre petite pierre à l’édifice. Nous sommes comme le tailleur de pierre sur un chantier de cathédrale. Un observateur marche sur le chantier et demande à un tailleur de pierre : que faites-vous là ? « je taille une pierre ». L’observateur continue sa marche et tombe sur un autre tailleur de pierre : « que faites-vous là ? » « je construis une cathédrale ». Notre œuvre est petite, mais le dessein de Dieu que nous servons est immense.

 

Voilà pourquoi nous, les baptisés en Christ, nous avons été choisis ! Nous sommes des artisans d’un édifice spirituel immense qui s’appelle le Royaume de paix, d’amour et de justice !

Quelle magnifique mission !

Et le monde aujourd’hui en a plus que jamais besoin !

 

Amen