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L'annonce faite à Joseph

Prédication du dimanche 29 décembre 2024, par Nicolas Chaine

 

L’annonce faite à Joseph

 

Prédication du dimanche 29 décembre 2024, par Nicolas Chaine

 

Lecture biblique : Matthieu 1, versets 18 à 25

 

 Les 4 évangiles nous disent que Jésus est pleinement homme et pleinement Dieu, et ce message essentiel rayonne au cœur même de notre foi. Mais il y a deux façons de nous le dire. Chez Marc et Jean, évangiles très différents par ailleurs (le premier et le dernier écrits), c’est par une voie progressive que nous le comprenons ; leur récit s’ouvre sur un Jésus de 30 ans qui rencontre Jean-Baptiste ; certes à ce moment- là, notre rationalité est un peu troublée car de façon explicite chez Marc, plus elliptique chez Jean, les cieux s’ouvrent et Dieu le Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Mais déjà, dans l’ancien testament Dieu avait parlé ; pas souvent, mais ce n’était pas impossible. Ensuite chez Marc et Jean, on chemine, avec les disciples, aux côtés de Jésus, on entend son enseignement, on est témoin de son souci des plus petits, on assiste à des miracles ; puis il y a les annonces de la passion, enfin, la mort, la résurrection, l’ascension. Et c’est progressivement, comme les disciples, presque mieux qu’eux, mais ils ne pouvaient pas deviner la fin, que nous comprenons que Jésus-Christ n’est pas un grand prophète, qu’il n’est pas seulement le fils d’Abraham, mais qu’il est pleinement Dieu et pleinement homme. Qu’il est le fils de Dieu. Chez Luc et Matthieu il nous faut sauter à pieds joints dans le mystère de la foi. C’est à la conception même de Jésus et à sa naissance que commence leur évangile. Et la naissance de Jésus est, autant que sa résurrection et son ascension, marquée par l’intervention souveraine de Dieu, totalement étrangère à nos schémas préexistants, à notre raison. Ce n’est pas progressivement et implicitement que nous comprenons que Jésus-Christ est pleinement homme et pleinement Dieu, c’est aux premières pages que nous apprenons que Marie est enceinte d’un enfant dont le père n’est pas Joseph, mais Dieu. « Le Saint Esprit l’a couverte de son ombre » dit joliment Luc. D’ailleurs quand dans les évangiles Jésus parlera de son père, il s’agira toujours de Dieu, pas du tout de Joseph. Peu de lignes du Nouveau Testament sont consacrées à Joseph, mais elles sont très riches d’enseignement ; on le connaît mal, on ne sait pas ce qu’il a fait avant la naissance de Jésus, sauf ses fiançailles avec Marie, et après, il conduit une fois Jésus pour le présenter au temple puis il disparaît. On peut supposer qu’il a eu, après la naissance de Jésus, d’autres enfants avec Marie, les évangiles parlent des frères de Jésus, dont Jacques qui a eu un grand rôle dans l’Église naissante de Jérusalem. C’est par le passage que nous avons lu dans Matthieu qu’on connaît Joseph.

 

Joseph, la jointure

 Le passage de Matthieu que nous avons lu, ce sont les premières pages du Nouveau Testament, avant c’est Malachie. L’évangile, juste avant la péricope sur laquelle nous réfléchissons, s’ouvre par une généalogie qui inscrit Jésus, par Joseph, dans la filiation de David. (dans le droit de l’époque, l’enfant adopté a exactement les mêmes droits ; ce n’est pas une ascendance biologique, c’est une ascendance légale). Cette page est vraiment la charnière avec l’ancien testament. Puis apparaît Joseph dont l’évangile nous dit tout de suite qu’il est un « Juste » ; ce terme est très caractéristique de l’ancien testament. Et nous voyons Joseph « sous » la loi de Moïse qui songe à répudier Marie. Pour moi, le nouveau testament commence vraiment ensuite, quand l’ange apparaît !

 

Joseph, celui qui ne se trompe pas d’obéissance.

 Pour les juifs de cette époque, les fiançailles étaient un véritable contrat, et, même si les mariés n’habitaient pas encore ensemble, la femme qui les rompait était adultère et devait être répudiée, voire lapidée. Le « juste » Joseph connaissait la Loi. Il était « programmé » pour lui obéir. Il choisit cependant d’obéir à l’ange, c’est-à-dire à la parole que Dieu lui adresse. Il n’obéit pas à la loi qui exigerait la répudiation de Marie, ni au prophète qui avait choisi pour l’enfant le nom d’Emmanuel. Sentinelle postée à l’entrée du nouveau testament, il ne se trompe pas d’obéissance ; si respectueux qu’il soit de la Loi, pour lui, à ce moment décisif, la Parole de Dieu est première.

 

 Joseph, homme de foi.

La foi est un don de Dieu, nous enseigne la bonne doctrine ; avec ce qui arrive à Joseph, on peut mettre de la chair sur cette définition abstraite, on voit comment ça s’est passé. Joseph a entendu la parole de Dieu et il a été transformé ; en lui est né un homme nouveau. Joseph témoigne pour nous de ceci, qui est essentiel : recevoir vraiment la parole de Dieu c’est accepter d’être transformé par elle ; dans ces quelques lignes de Matthieu, on voit en Joseph le vieil homme mourir et naître l’homme nouveau, transformé par la Parole. On parle beaucoup moins de Joseph que de Marie, alors que tous les deux ont reçu un message de l’ange, tous deux ont immédiatement fait selon la volonté de Dieu, tous deux ont veillé sur l’enfance de Jésus, l’ont emmené au temple. Mais alors que Joseph disparaît ensuite, Marie, dans l’évangile de Jean, est aux noces de Cana et elle est présente au pied de la croix. Mais surtout Marie parle, le magnificat est une prière extraordinaire ; Joseph est muet. Joseph parle en actes :il prend Marie et l’enfant avec lui. Joseph le silencieux nous dit qu’entendre Dieu nous parler, faire nôtre sa parole, c’est devenir un homme nouveau.