Le kit de (sur)vie !
Le kit de (sur)vie !
Prédication du dimanche 19 mai 2024, dimanche de Pentecôte, par les pasteurs Sophie Ollier et Christian Baccuet.
Lecture biblique : Actes 2, 1-11
Pour cette prédication, nous allons avoir besoin de quelque chose !
Sortir sac à dos
Dans ce sac se trouve un kit de (sur)vie !
Alors, que trouvons nous dans ce sac, dans ce kit ?
CHAUSSURES DE MARCHE
Etonnant tiens des chaussures de marche dans un sac de rando…
Et en même temps, pile poil ! Je me suis toujours dit qu’à Pentecôte il fallait bien se chausser parce qu’il y a une pente… et une côte !
Dans le texte de Pentecôte que nous avons lu, les disciples sont là, enfermés dans cette maison. Après la mort et la résurrection de Jésus, après qu’il ait été enlevé au ciel pour rejoindre son Père, voici les disciples, attendant que quelque chose se passe, attendant que l’Esprit descende sur eux comme Jésus leur a dit. Pour le moment c’est confortable pour eux d’être ici, au chaud, juste entre eux dans cette maison.
Et c’est vrai qu’il n’est pas toujours évident de sortir de nos lieux confortables, mais aussi de nos lieux d’enfermement, de nos peurs. Et oui, que peut-il se passer dehors pour les disciples s’ils osent sortir de cette maison qui est une sécurité ? Jésus vient de les envoyer prêcher la Bonne Nouvelle jusqu’au bout du monde, il les envoie vivre leur vie, cela peut faire peur !
On a, toutes et tous nos peurs, nos craintes, nos lieux d’enfermement.
Mais ce texte justement de Pentecôte nous montre que lorsqu’on sort de ces lieux là des choses incroyables peuvent se produire !
Mais pour cela, il faut bien se chausser.
Enfiler une paire de chaussure qui nous convient pour aller marcher dans ce monde ! Ce ne sera pas toujours la même paire, il y a des temps pour flâner et des temps pour courir, des temps pour aller voir des amis et des temps pour randonner, des temps pour aller à un rendez-vous et des temps pour aller faire du sport, des temps pour aller au travail et des temps pour aller au culte, des temps pour décider de notre avenir et des temps pour oser !
Au cours de nos vies nous chaussons des chaussures différentes, et dans notre foi aussi ! Elle peut être intérieure comme une paire de chaussons, ou combative comme des chaussures de rando. Elle peut être dites à haute voix ou montrée par des gestes. Elle peut se nourrir par une lecture solitaire de la Bible ou des temps de partages communautaires.
Et on n’est pas toujours prêts, comme pour les disciples, à sortir de nos intérieurs et pourtant cela arrive, alors à nous d’avoir toujours une paire de chaussures prête.
Mais rassurez-vous, cela ne vient pas que de nous, c’est Dieu qui met à notre dispositions nombres de paires de chaussures, nombres de manières de sortir de nos peurs et de nos enfermements pour aller faire grandir ce monde ! Et Dieu est là justement pour nous accompagner sur notre route !
Cela peut être semblable à l’ascension d’une montagne, ce n’est pas toujours facile et ça peut nous faire peur parfois de voir cette montagne devant nous, comme dans nos vies, des choses qui nous semblent insurmontables, des choix, comme des choses du quotidien ! Mais il faut oser !
Ce qui se trouve en haut de la montagne, s’en remettre à Dieu, se tourner vers lui, ça en vaut le coup, pour nous ressourcer ! Une fois que nous avons fait monter à Dieu notre être, l’apaisement et le repos qui en découlent nous font réaliser tout le chemin parcouru et nous permet de nous laisser émouvoir par ce qui se trouve devant nous, parce que Dieu nous offre un regard neuf et renouvelé sur nos vies ! Les disciples ce jour-là sont encore les yeux tournés vers Dieu, mais ils vont être invités à sortir, nous rappelant que la vie devant nous est plus grande que nos enfermements.
Chausser la bonne paire que Dieu nous donne, se sentir bien dans nos pompes pour redescendre de cette montagne, de notre prière, et sortir de nos enfermements. Et oui, il faut redescendre…
BULLES DE SAVON
Et pour ça, il y a autre chose dans le sac.
Des bulles de savon !
Ça alors, pour se mettre en route, c’est une drôle d’idée !
Des bulles de savon. Il faut souffler, c’est léger, ça s’envole, ça reflète la lumière, c’est magnifique…
Vous savez à quoi cela me fait penser ?
A la présence de Dieu.
La présence de Dieu, on l’appelle dans la Bible le Saint-Esprit.
Le Saint Esprit, c’est le souffle de Dieu, sa respiration, sa présence comme un vent, l’air qu’il donne et qui permet de respirer.
Le jour de Pentecôte à Jérusalem, alors que les disciples sont enfermés, c’est ce souffle de Dieu qui les projette dehors.
« Tout à coup, un bruit vint du ciel, comme un violent coup de vent, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu ; elles se séparèrent et se posèrent une à une sur chacun d'eux. Ils furent tous remplis de l'Esprit saint » (v. 2-4).
Un bruit, du vent, des langues de feu. Dans la culture biblique, ce sont des signes de la présence de Dieu. Cette présence qui surgit, se pose sur chacun, et tous sont remplis de l’Esprit-saint.
La présence de Dieu se donne à eux ce jour-là. A chacun d’eux et eux ensemble. Et elle les projette dehors. Elle les sort de leur enfermement et de leur peur. Elle les libère.
Comme des bulles de savon, les voilà, légers, entraînés dans la lumière, portés par le souffle de Dieu.
L’Esprit saint est cette présence de Dieu qui se donne encore à nous aujourd’hui. Nous ne voyons pas Dieu, comme nous ne voyons pas le vent. Mais nous pouvons en sentir les effets.
L’Esprit saint, aujourd’hui encore, vient nous dire que Dieu nous appelle à sortir de nos craintes. Mieux encore, il nous permet de vivre libérés d’elles. Cela n’enlève pas tous les poids et les difficultés, mais cela permet de lever la tête, de regarder plus loin, de se savoir accompagné, porté. Cela permet de marcher libre.
Et il y a un moyen de se rendre disponible à la présence de Dieu. C’est la prière, qui nous permet de faire silence en nous et autour de nous et de, tout simplement, se mettre à l’écoute. Ecoute de soi, écoute des autres, écoute de Dieu.
C’est une vraie force. Cette force qui a conduit tant de croyants à travers les siècles dans de vrais engagements de vie. Et cette force nous est donnée, à chacun de nous.
Mais quand on part en rando, en marche dans ce monde, on a besoin d’autre chose encore !
GOURDES
Magnifique !
A voir toutes ces gourdes ça me rappelle que ce qui est donné aux disciples ce jour-là à Pentecôte, c’est la différence. À chacun, sa langue ! Ils étaient identiques, ils deviennent différents ; ils étaient comme des clones, ils prennent une individualité. Ils étaient un groupe, ils deviennent des individus ! Et pourtant, ils demeurent ensemble ! Et ce qui est génial, c’est que c’est l’arrivée de cette diversité qui va permettre l’ouverture sur l’extérieur !
Et pour aller marcher dans le monde, sortir en étant portés par l’Esprit, il y a une chose dont nous avons besoin, et qui nous servira de nombreuses façons !
Des gourdes ! Une gourde pour nous désaltérer nous et pour offrir à d’autres la possibilité de se désaltérer !
Chacun et chacune de nous a ses rêves, ses dons, sa volonté, sa manière d’être au monde ! Nos gourdes sont diverses !
Comment ma particularité personnelle, la gourde que je suis, peut être au service de tous ? Et comment notre mission commune, désaltérer les autres en témoignant de l’Espérance, peut-elle s’exprimer de diverses manières ? Et puis, surtout aussi, accepter qu’un autre puisse vivre cette mission différemment de moi ! C’est ça que nous montre ce texte de la Pentecôte ! Et c’est ce que nous ont montré les jeunes ce matin, que vous avez entendu dans les prières au début du culte, cette diversité dans la foi, chacun et chacune avec ses mots, avec ses spécificités, ses manières à eux de dire et de vivre Dieu !
Et oui, lorsqu’on descend de la montagne, on ne le fait pas tous de la même manière ! Certains tracent, courent même, d’autres prennent le temps de trouver leurs appuis. Certains filent tout droit à travers champs et d’autres emprunteront les sentiers bien balisés ! Par contre, la finalité est la même, descendre de cette montagne pour retourner dans le monde, pouvoir raconter cette magnifique rando qu’on a vécu en Dieu, ce qui se trouvait au sommet, et comment on peut motiver d’autres à gravir cette montagne, à leur manière ! C’est bien ce que font les disciples ce jour-là à Pentecôte : nous les entendons parler dans nos diverses langues des grandes œuvres de Dieu !
Mais dans tous les cas, il faudra nous désaltérer ! Pour certains ça sera par les amis, d’autres par le sport, la lecture, le théâtre ou la musique ! Pour d’autres encore c’est en famille ! Chacune de nous gourdes sont différentes ! Et nos choix de vie ont aussi un impact, pour nous bien sûr mais aussi pour celles et ceux qui nous entourent ! Ce que nous décidons de faire de nos vies détermine quelle gourde nous portons dans ce monde pour que d’autres puissent entendre les œuvres de Dieu à travers nous, pour que d’autres trouvent comment se désaltérer !
Oui, nos gourdes, nos façons de nous ressourcer et d’être dans ce monde, peuvent désaltérer d’autres, n’en doutons pas ! Tout comme la diversité de langues que se mettent à parler les disciples le jour de Pentecôte, nous avons, chacun et chacune notre manière à nous de parler de votre baptême, de notre foi, des belles œuvres de Dieu, à celles et ceux que nous rencontrons ! Et ne doutons surtout pas de toute la portée de votre parole !
Mais il manque quelque chose pour vraiment se mettre en route. C’est ce qui permet de faire son chemin, de voir où aller et comment y aller. Un guide touristique, un GPS ou un topo-guide pour les plus anciens.
BIBLE
Une Bible !
Le livre le plus merveilleux au monde. Le plus traduit, le plus diffusé, le plus lu. Un livre indispensable à lire, relire, creuser, méditer. Pas uniquement pour une question culturelle, aussi parce qu’en lui se trouve ce qui peut guider une vie.
Comme un guide de voyage. Cela n’oblige à rien mais donne des repères essentiels qui permettent de construire sa route. La Bible donne des repères qui permettent de construire sa vie.
Le jour de Pentecôte, quand les disciples sortent de leur enfermement, portés par l’Esprit Saint et qu’ils se mettent à parler et à être entendus en différentes langues, ce qu’ils disent alors est le repère essentiel dans la vie chrétienne. C’est ce que Pierre va dire dans les versets qui suivent, dans un discours qui se termine par ces mots : « Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous avez crucifié ! » (v. 36).
Jésus, cet homme venu partager notre route humaine, nous y parlant de Dieu comme d’une personne qui nous aime sans condition, relevant des vies fatiguées, rencontrant sans limites des hommes et des femmes pour les mettre en route dans la joie, la paix, la liberté.
Dieu l’a fait Seigneur et Christ. Christ, c’est-à-dire « Messie », celui qui est attendu dans l’espérance des générations qui précèdent et qui vient ouvrir le temps du règne de Dieu.
« Seigneur », dans la culture juive, c’est le mot que l’on prononce pour dire le nom de Dieu : Jésus est fils de Dieu, Dieu parmi nous. Et dans la culture romaine où l’empereur est considéré comme un dieu, dire que Jésus est Seigneur c’est contester la prétention d’un homme, d’un régime politique, d’une idéologie à se prendre pour Dieu ; seul Jésus-Christ est Seigneur, ce qui nous libère des forces du mal et appelle à leur résister.
C’est ce qu’ont confessé les jeunes ce matin en disant « Jésus-Christ est le Seigneur ».
Les mots de la Bible portent nos propres mots. La Bible est l’histoire d’hommes et de femmes comme nous, qui ont rendu témoignage de leur vie, de leurs échecs et de leur foi, de leurs peines et de leurs joies. Par leurs mots, aidés par l’Esprit de Dieu, nous pouvons trouver nos propres mots et conduire notre vie dans une direction de paix, de justice, de joie et d’amour.
Voilà pourquoi la Bible est fondamentale, voilà pourquoi il importe de la lire et de la relire, seul et ensemble !
Conclusion
Alors voilà pour nous un kit de (sur) vie, un kit qui nous permettra d’aller dans ce monde pour proclamer les merveilles de Dieu, chacun et chacune à notre manière, mais qui nous permettra aussi de montrer que la vie est plus forte que tout ce qui peut assombrir ce monde et notre quotidien, combien la vie vient se placer sur ce qui dévisage ce monde !
Nous avons là un sac à dos bien rempli pour monter à Dieu et redescendre dans ce monde : des chaussures adaptées aux différents temps que nous traversons et allons traverser, qui nous enverront comme des bulles de savon, portés par l’Esprit, le souffle de Dieu, afin de nous désaltérer et désaltérer d’autres par nos dons respectifs. Et ne doutez surtout pas que la Parole de Dieu viendra nous nourrir en profondeur pour discerner le chemin à vivre !
Il ne s’agit pas ici de survivre, mais de vivre sur cette foi, cette force que Dieu vous donne !
Amen !