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L'espérance retrouvée

Prédication du dimanche 15 décembre 2024, par la pasteure Sophie Ollier

 

L’espérance retrouvée

Prédication du dimanche 15 décembre 2024, par la pasteure Sophie Ollier

 

 

 

1. Emmanuel – Esaïe 7, 14

Ce matin c’était la fête de Noël avec les enfants ! Ils nous joué toute une pièce où de jeunes étoiles partent à la rencontre de ce tout petit bébé né dans une mangeoire où se trouvent également des scouts.

Tout au long du spectacle ils nous ont guidés pour entendre ce Dieu avec nous qui nous invite à nous réjouir ensemble, à rayonner et à espérer !

Entre des disputes entre jeunes et vieilles étoiles, des scouts qui s’émerveillent devant la beauté de la création en admirant les étoiles et la venue de cet enfant, une phrase m’a particulièrement marquée, quand l’un des scouts a dit : « on nous dit toujours que chacun d’entre nous compte vraiment et que nous avons une place particulière dans le cœur du Créateur. »

N’est-ce pas là le cœur même de Noël, de la venue de ce Dieu incarné ? Ce Dieu qui est venu vivre avec nous et partager avec nous ?

Et justement, c’est bien ce que nous dit Esaïe 7 : la jeune femme sera enceinte et elle mettra au monde un fils. Elle le nommera Emmanuel, “Dieu avec nous”. 

Oui, Dieu avec nous ! Emmanuel !! En hébreu, Ima nou el !

Cet Emmanuel qui est venu nous rejoindre, c’est d'ailleurs presque un pléonasme ce que je viens de vous dire : Dieu avec nous est venu nous rejoindre !

Mais, qu’est-ce que cela veut-il dire qu’il est avec nous ? Est-ce qu’il me tient la main ? Est-ce que je peux le mettre dans mon sac comme mon téléphone que je ne sortirais que lorsque j’en ai besoin ? Est-ce qu’il est dans mon cœur, dans mon corps, dans ma tête ?

Au soir de Noël nous le localisons dans une mangeoire ! Au soir de sa mort nous le localisons sur une croix, au jour de sa résurrection, là, nous ne savons plus où le localiser !

Alors où ?

Dieu, celui dont on ne peut dire ni le lieu ni la place, celui qui est partout, Dieu s’incarne, il se rend présent. Lui qui est à la fois public et privé, impersonnel et intime, lui l’invisible se donne à voir et à entendre au travers d'une Parole, dans un corps, par un nom : Dieu-avec-nous : l’Emmanuel.

Ce n’est pas Linouel – Dieu pour nous, ce n’est pas Yalnouel – Dieu sur nous. C’est IMMANOUEL : Dieu avec nous, dans une volonté d'englober, par lui, la totalité de ce que nous sommes, et de nous accompagner, encore et toujours sur nos chemins de vies !

Les enfants nous l’ont dit ce matin, aussi bien dans les joies et dans les peines, dans la vie ou dans la mort, dans l’élan de vie et dans le plus sombre, Dieu est AVEC nous, avec moi et avec l’autre ! Avec chacun et chacune de nous, le riche et le pauvre, le jeune et le vieux, le joyeux et le triste. Il est tout à la fois ce qui nous fait vivre, ce qui nous fait avancer, ce qui nous fait espérer ! C’est une promesse qui nous dit que nous sommes aimés, que la paix entre tous existe et que nous sommes accueillis sans condition aucune ! Quelle libération, quelle espérance !  

Voilà donc tout ce que contient ce petit enfant qui nait le soir de Noël ! Voilà tout ce que contient ce Jésus qui va fouler cette terre ! Voilà tout ce que contient la présence Dieu dans notre vie : l’amour inconditionnel, la paix inconditionnelle et l’accueil inconditionnel !

 

2. Jeunes et vieux – Jérémie 31, 13

Et cela nous concerne toutes et tous, comme nous pouvons le voir avec le verset que nous trouvons dans le livre de Jérémie :

« Alors les jeunes filles danseront de joie, de même que les jeunes gens et les personnes âgées désormais réunis. En effet, déclare le Seigneur, je changerai leur tristesse en allégresse ; je les consolerai de leurs chagrins, je les remplirai de joie. »

C’est une parole de Dieu qui jaillit dans un temps difficile de l’histoire, quand les Juifs de Judée sont emmenés en exil à Babylone, qu’ils ont tout perdu, leur pays, leur ville, leur temple, leurs maisons. Pendant plus de 50 ans, ils vivent très loin de chez eux.

Comme aujourd’hui, selon un rapport du Haut-Commissariat des Réfugiés des Nations Unies, tant de personnes sont obligées de fuir loin de chez elles. Il y a plus de 120 millions de personnes dans le monde qui ont été forcées à se déplacer à cause d’une guerre, de la violence ou de la persécution[1]. Il y en a plus du double si on compte aussi ceux qui doivent fuir la misère, la faim ou les conditions climatiques. 280 millions de personnes qui souffrent, comme autrefois les Juifs de Judée à Babylone.

Au cœur de l’exil à Babylone, le prophète Jérémie transmet une parole d’espérance : Dieu n’a pas oublié les siens. Dieu se soucie de ceux qui souffrent. Dieu les accompagne ! Un jour ils seront libres, ils retrouveront une vie heureuse. Ils pourront faire la fête ensemble, danser de joie, tous ensemble, jeunes et vieux.

Noël, c’est une fête parce qu’en Jésus Dieu vient vers nous, dans notre monde, pour ouvrir le temps de la danse et de la joie. En lui résonne cette promesse de chagrin changé en joie, pour nous et pour celles et ceux qui sont malheureux dans le monde. Pour nous ensemble.

C’est une promesse parce que le monde est encore dur.

C’est un appel à vivre un Noël éclairé par cette promesse : jeunes et vieux, riches et pauvres, gens de tous les pays, solidaires, dans le partage de nos richesses, de nos engagements pour plus de paix et de justice. Par exemple dans les actions d’entraide de notre paroisse, les permanences de la Cimade, l’accueil dans les familles avec Marhaban, les repas du Casp, l’ACAT, la mission populaire au Foyer de Grenelle ou au Picoulet.

Partager notre joie pour que cette promesse puisse déjà être réalité, c’est ce à quoi nous sommes appelés.

 

3. La lumière du monde – Matthieu 5, 14

Oui, ce à quoi nous sommes appelés ! Et plus encore, c’est ce que nous sommes au plus profond de nous, par ce Dieu avec nous !

Les enfants nous l’ont dit ce matin en reprenant une parole de Jésus dans l’Evangile de Matthieu :

Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde !

Ce n’est pas une petite chose que Jésus nous dit là !

Il ne nous dit pas « soyez sel et lumière » mais « vous êtes », c’est-à-dire que nous avons déjà en nous tout ce qu’il faut pour saler ce monde et l’éclairer.

Le sel c’est ce qui permet de donner du goût à un plat, de révéler toutes les saveurs, de relever un plat !

La lumière c’est ce qui permet d’éclairer une pièce, un chemin, ça aide aussi à faire pousser les plantes. Sans lumière le monde serait bien sombre !

En nous Dieu a placé tout ce dont ce monde a besoin, chacun et chacune avec nos dons personnels et nos possibilités de rendre ce monde plus vrai, plus beau, plus juste ! Chacun et chacune de nous, dans son quotidien, peut saler, révéler l’humanité de l’autre, et éclairer, rendre plus lumineux le chemin de quelqu’un.

Vous savez, une seule touche de lumière dans une pièce entièrement noire, et l’obscurité ne peut plus être appelée obscurité ! Nous pouvons être ces touches de lumière qui dissipe les zones sombres de ce monde !

Ne cachons surtout pas ces dons que Dieu nous a fait, c’est par nous, avec la force de son Esprit et guidés par sa Parole en son Fils que nous pouvons mettre de la vie là où se trouve la mort, mettre de la joie là où se trouve la peine, mettre de l’amour là où se trouve l’indifférence, mettre de la paix là où se trouve la discorde !

Nous sommes importants ! Nous sommes essentiels ! Nous sommes sel de la terre et lumière du monde, ne l’oublions pas, c’est Dieu qui nous le dit ! Nous le sommes et nous le serons encore demain !

 

4. L’étoile du matin – Apocalypse 22, 16

C’était même la conclusion des enfants ce matin, les étoiles et les scouts ont terminé leur spectacle en disant ensemble : « on continuera de briller pour montrer au monde qu’il y a toujours de quoi espérer. »

Oui, il y a toujours de quoi espérer, car Noël, c’est Dieu avec nous. Noël, c’est les jeunes et les vieux qui dansent ensemble de joie. Noël, c’est la lumière que nous sommes pour le monde. Noël, c’est continuer de briller, comme les étoiles dans le ciel.

Avec Christian nous avons pensé à un dernier verset. Presque le dernier de la Bible, dans le livre de l’Apocalypse. L’Apocalypse, ce n’est pas un livre qui annonce des catastrophes, c’est un livre qui dit l’espérance au cœur des malheurs du monde, de la violence et de la difficulté de vivre, quand les Chrétiens commençaient à être persécutés, à la fin du Ier siècle.

« Moi, Jésus, je suis le descendant de la famille de David, je suis l'étoile brillante du matin. »

L’étoile brillante du matin, c’est celle qui, dans la nuit, indique que le jour va se lever.

Le descendant de la famille de David, c’est le Messie attendu, celui qui viendra ouvrir le temps de la présence de Dieu.

Noël, c’est le rappel que Jésus est ce Messie venu dans notre histoire, dans la nuit de Noël, dans la nuit du monde, pour indiquer que le jour allait se lever, jour de paix et de justice, jour de foi, d’espérance et d’amour, jour de la présence de Dieu dans notre monde et dans nos vies.

Si nous croyons cela (et nous le croyons !), alors fêter Noël, c’est vivre avec Jésus, tous les jours, dans l’espérance retrouvée. En vivre et en être contagieux. Oui, soyons contagieux de joie, brillons pour montrer au monde qu’il y a toujours de quoi espérer !

Amen

Sophie Ollier

Prédication co-écrite avec Christian Baccuet à l’occasion de la fête de Noël des enfants.

 

[1] HCR, 13 juin 2024.