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Où trouver force et courage ?

Prédication du dimanche 15 septembre 2024, par les pasteurs Christian Baccuet et Sophie Ollier

 

Où trouver force et courage ?

 

Prédication du dimanche 15 septembre 2024, par les pasteurs Christian Baccuet et Sophie Ollier

Lecture biblique : Josué 1, versets 1 à 9

 

 

SO – Nous venons d’entendre le récit de l’appel de Josué. Josué, c’est un prénom hébreu, Yehoshoua (יְהוֹשׁוַּע), qui signifie « Dieu sauve ».

CB – C’est un récit de vocation. Josué est appelé par Dieu à prendre la suite de Moïse. Nous lisons ce passage car il est au programme de la rencontre du jardin biblique et de l’école biblique ce matin. Avant l’été, les enfants ont parcouru l’histoire de l’Exode, la libération de l’esclavage en Egypte, l’errance pendant 40 ans dans le désert. Jusqu’à Noël, ils vont poursuivre cette histoire : Josué, l’entrée puis l’installation en terre de Canaan, le prophète Samuel, le roi David.

SO – Nous venons d’entendre ce texte alors que nous allons célébrer liturgiquement la reconnaissance du ministère du Conseil presbytéral. Un moment de vocation, non pas personnelle comme pour Josué, mais collégiale, impliquant chaque conseiller et conseillère portés ensemble, pour la direction de notre paroisse en lien avec les autres paroisses de l’Eglise protestante unie dans sa dimension synodale.

CB – Nous venons d’entendre ce récit au cœur de notre culte de rentrée, au moment où les activités régulières reprennent leur rythme, occasions de rassemblement, d’écoute de la Parole, de partage d’amitié, d’entraide et de témoignage, de ressourcement de notre vocation de chrétiens et chrétiennes.

SO – Un temps de joie, de vie et d’envoi, important pour notre communauté ! Et aussi parce qu’on prêche ensemble cher Christian ! Ce matin, nous avons envie de partager avec vous deux dimensions importantes de ce texte pour notre vocation aujourd’hui, vocation de chacun et chacune de nous et de nous ensemble.

CB – La première dimension, c’est le contenu de notre vocation. A quoi sommes-nous appelés ?

Le récit de la vocation de Josué est un récit dangereux à lire aujourd’hui. Car la mission de Josué est de faire entrer le peuple hébreu sur la terre que Dieu lui donne et d’en prendre possession. Mais cette terre est habitée par d’autres peuples. La suite du récit décrit une guerre de conquête pour en chasser les habitants voire les exterminer. Cette région du monde est aujourd’hui au cœur de tensions énormes, de violences, de haines, de nationalisme exacerbé, de souffrances et de peur. Comment entendre aujourd’hui un texte qui peut sembler légitimer des massacres pour la possession d’une terre, au nom de Dieu ? Comment recevoir ce texte ?

Deux remarques importantes. La première, c’est que la Bible est faite de textes écrits dans des contextes différents, sur plusieurs siècles. Ainsi, celui d’aujourd’hui évoque des événements se situant vers 1200 avant notre ère mais a été mis par écrit 500 ans plus tard. Ces textes sont en tension les uns avec les autres, par exemple entre le fait de s’être heurtés autrefois à des ennemis, parfois de les haïr encore aujourd’hui, et la nécessité d’une cohabitation pacifique voire amicale avec ces mêmes peuples. C’est une tension dynamique, car les écrits qui portent trace d’amitié sont les plus récents, comme pour corriger l’excès de haine et promouvoir une cohabitation harmonieuse sur une même terre. La pensée biblique est une pensée en mouvement et les récits d’hostilité n’ont jamais le dernier mot. Il ne faut pas isoler un texte d’un autre, celui-ci des autres. Il importe de le remettre dans ses contextes : celui de l’événement raconté, quand les fugitifs étaient fragiles ; celui du temps où il a été mis par écrit, dans un temps de fort nationalisme ; et celui du temps où il est lu, aujourd’hui. Ne pas écraser ces temps, sauf à trahir la dynamique biblique.

D’autant plus que – c’est la deuxième remarque importante –, entre ce texte et nous il y a Jésus. Jésus a parcouru la Galilée et la Judée dans une période de nationalisme aigu, sans céder au piège de la violence, de l’identité exclusive, mais en rencontrant des personnes de différentes nationalités et religions, posant les bases de l’universalité de l’Evangile. Après Jésus, on ne peut pas lire le récit de la vocation de Josué comme justifiant telle ou telle violence contemporaine, ni au Proche-Orient ni ici. Mais nous pouvons y entendre résonner, pour nous aujourd’hui, l’appel à entrer dans une terre promise qui n’est pas un territoire géographique à prendre, mais une réalité à vivre. Une réalité où l’esclavage est derrière nous, esclavage de la peur, du repli sur soi, de la haine ; où l’errance dans le désert est terminée, errance de la souffrance, de la désespérance, de l’ennui ; où le passage du fleuve est celui de l’arrivée possible dans la promesse de Dieu, promesse d’une terre nouvelle faite de paix et de justice. Ce récit est alors celui de notre vocation à entrer dans cette dynamique d’espérance, non pas contre les autres mais avec eux. Notre vocation à ouvrir la voie pour entraîner d’autres avec nous. Comme Josué, entendre l’appel du Seigneur : « Lève-toi ! »

SO – La deuxième dimension de ce texte pour nous aujourd’hui, c’est celle des moyens qui nous sont donnés pour répondre à notre vocation. Parce que oui, nous lever et entrer dans cette dynamique d’espérance, ce n’est pas toujours évident, par où commencer, que faire, où aller concrètement ? Rassurons-nous, nous ne partons pas de nulle part ! Chacun et chacune de nous a son histoire, et notre Eglise a également sa propre histoire. Que ces histoires ne soient pas écrasantes pour nous mais porteuses !

Josué, dans cette vocation qui lui est donnée, est porteur de plusieurs histoires ! Fils de Noun, il est membre de la Tribu d’Ephraïm, une des 12 Tribus d’Israël. Josué, dans sa vocation, porte avec lui toute son histoire personnelle et familiale, il n’est pas détaché de ceux qui l’ont précédé. Et puis Josué est le second de Moïse, ce dernier l’a désigné comme successeur pour conduire le peuple en terre promise. Josué, dans cette vocation, porte l’histoire d’un peuple mais également l’histoire de celles et ceux qui vont lui succéder. On peut dire que cela peut sembler être un sacré poids sur ses épaules, ce n’est pas une petite affaire à laquelle il est appelé.

Parfois, nous pouvons sentir ce poids reposer sur nos épaules en tant qu’Eglise. Comment accompagner celles et ceux qui vont nous succéder tout en portant notre histoire, personnelle et ecclésiale ? Cette vocation est magnifique mais elle n’est pas toujours évidente ! Trouver le meilleur moyen d’honorer le passé en osant l’avenir, de combiner qui nous sommes, toutes et tous, pour avancer ensemble, en ne laissant personne sur le bord de la route. Comment nous, Eglise Protestante Unie de Pentemont-Luxembourg, pouvons-nous vivre cette vocation à entrer dans une dynamique d’espérance, oser l’avenir tout en ne nous reniant pas, tout en prenant le meilleur de notre histoire pour nous ouvrir à une nouvelle terre ?! Une terre où, portés par notre histoire et nos individualités, nous portons cette Parole de vie et cette dynamique d’espérance !

Il y a une constante au milieu de tout ça : la présence de Dieu ! Parce que s’il y a quelque chose qui est donné à toutes celles et ceux que Dieu envoie dans la Bible, comme ici pour Josué, c’est bien sa présence. « Le Seigneur est avec toi, partout où tu iras ». Cette présence n’est pas une justification à ce que nous faisons, mais un encouragement, un moyen pour nous de ne pas lâcher, de ne pas abandonner mais de poursuivre, d’avancer avec cette confiance que Dieu place en nous. A nous aussi de nous ouvrir à cette confiance, d’avancer en sachant que nous ne sommes pas seuls, que cette confiance nous donne force et courage.

Si nous sommes présents aujourd’hui dans ce temple c’est parce que d’autres ont eu confiance il y a 2000 ans, à la suite de la résurrection. Si nous sommes présents aujourd’hui dans ce temple c’est parce que d’autres ont eu confiance il y a plus de 500 ans dans le renouveau de l’Eglise, à l’écoute du Christ. Si nous sommes présents aujourd’hui dans ce temple c’est parce que d’autres, en 1846 rue de Grenelle et en 1857 rue Madame, ont eu confiance pour que la dimension communautaire porte les 6ème et 7ème arrondissement de Paris. Si nous sommes présents aujourd’hui dans ce temple c’est parce que d’autres, en 2005, ont eu confiance qu’ensemble nous pourrions poursuivre notre vocation. Et si nous sommes dans ce temple aujourd’hui c’est parce que nous avons confiance en cette présence de Dieu qui nous porte et va nous porter vers les autres pour proclamer cette espérance qui nous, nous fait vivre. Oui, force et courage, voilà ce que nous donne aujourd’hui cette confiance, cette présence de Dieu au quotidien !

CB – Force et courage… mais où les trouver ? Nous avons deux aides concrètes pour rester disponibles à notre vocation, pour recevoir force et courage comme autrefois Josué.

La première, c’est la Bible. Notre récit mentionne le « livre de l’enseignement » de Moïse, à « méditer » sans cesse. « Ne t’en écarte jamais », dit Dieu à Josué. J’entends là, pour nous aujourd‘hui, l’importance fondamentale de la Bible, ce livre qui contient des expériences de foi et de vie qui fondent, nourrissent, entrainent nos existences et nos engagements. Une Parole qui nous guide sur un chemin de vie : l’amour du prochain, l’aide au plus petit, l’accueil sans condition, la fraternité comme socle, l’espérance comme élan et la résurrection comme force de vie ! Ecriture à méditer, chacun de nous, personnellement et ensemble. C’est notre trésor, c’est notre force.

SO – La deuxième aide, c’est l’Eglise. La vocation de Josué n’est pas pour lui mais, par lui, pour d’autres et avec d’autres, ce peuple dont il a charge et dont il est membre. Sa mission n’est pas une mission de réussite individuelle mais de service. Pour le peuple. J’entends là, pour nous aujourd’hui, l’importance fondamentale de ne pas être seuls mais ensemble, faire corps. C’est ce que nous appelons « Eglise » : une communauté rassemblée dans la Parole, au service les uns des autres et ensemble au service de l’humanité et de la création, porteurs de justice et de paix. Être ensemble, c’est ce qui porte notre courage.

CB – Ainsi la vocation de Josué est la nôtre. A chacun, chacune de nous, Dieu dit : sois fort et courageux, je suis avec toi. Il le dit à nous ensemble : sois forte et courageuse, Eglise de Pentemont-Luxembourg, Dieu est avec toi.

SO – Dieu est avec nous : « Emmanuel », le nom qu’un ange dit à Joseph, à propos de son fils à naître, au début de l’évangile de Matthieu. Oui, Dieu est avec nous, pour grandir et faire grandir ce monde, pour l’emmener vers une terre nouvelle, où cet Emmanuel, ce Jésus, sauve et relève.

CB – Jésus, Iesous (Ἰησοῦς) en grec, la transcription du prénom hébreu Yehoshua… le même prénom que « Josué ». Dieu sauve. Jésus, c’est en lui et par lui que nous sont donnés force et courage !

Amen.