Tout le monde en Cène !
Tout le monde en Cène !! Jésus dit : Je suis le pain.
Prédication du dimanche 11 février 2024, par la pasteure Sophie Ollier.
Lecture biblique : Jean 6, versets 41 à 59
Aujourd’hui nous débutons un cycle de prédication qui va durer 7 dimanches, jusqu’à Pâques, autour des JE SUIS de Jésus dans l’Evangile de Jean. Tantôt une porte, tantôt un berger ou un cep, tantôt lumière, chemin, vérité, vie… et nous commençons avec l’un de ceux qui a dû faire couler le plus d’encre à travers les siècles : Je suis le pain !! Mais déjà dans ce passage que trouve-t-on ?
Vivant x2, vivra x3, la vie x5, je vis.
Le pain descendu du ciel, le pain de la vie, le pain que voici, le pain vivant, mangera de ce pain, le pain que je donnerai, ma chair, si vous ne mangez pas la chair, si vous ne buvez pas son sang, chair vrai nourriture, sang vraie boisson, qui mange ma chair, boit mon sang, celui qui me mangera, celui qui mangera du pain.
Ça s’appelle insister ! Voir même radoter ! On peut pas dire qu’on sait pas de quoi ça s’agit ce matin !
Pourquoi autant insister sur tout cela ? Parce que si on lit bien, il est question de vie ou de mort ici ! Pour nos vies à nous mais pour la vie de ce monde aussi ! Pas une mince affaire pour un dimanche matin vous en conviendrez !
Il y a quelque chose qui émane de ce texte qui est entier, voir même essentiel, dans lequel nous pouvons y entendre l’une des questions de notre vie : c’est quoi notre vie ? A quoi elle sert ? De quoi vit-elle ? A quoi notre vie est-elle invitée ? De quoi j’ai faim pour ma vie et pour ce monde ?
Ainsi, si nous embarquons dans ces JE SUIS de Jésus, nous sommes amenés directement à parler de qui est Jésus, et, d’une certaine manière, parler de l’impact que ça a sur notre propre JE SUIS, sur notre vie.
Alors aujourd’hui nous allons avoir besoin de l’Evangile de Jean pour comprendre ce passage de l’Evangile de Jean.
Et pour le point de départ, la définition de qui est Jésus est assez claire et est dite dès le départ dans l’ouverture du l’Evangile de Jean : Jésus est la Parole de Dieu. La Parole est devenue chair ; elle a fait sa demeure parmi nous, et nous avons vu sa gloire, une gloire de Fils unique issu du Père ; elle était pleine de grâce et de vérité. Jean 1
Alors, si Jésus = Parole incarnée de Dieu et que Jésus = pain alors pain = Parole incarnée.
Bon ben voilà, fin de la prédication !
Nan, cela nous amène plus loin ! Parce qu’au final, quel impact ça a vraiment dans ma vie ça, de me nourrir du corps du Christ, du pain, de la Parole ? En quoi ça me nourrit ? Et quel est ce vin qui va avec ?
Ici Jésus fait ce qu’il fait très souvent : passer du matériel au spirituel, passer de la loi à la foi, passer de la raison à l’élan de vie, passer du terrestre au sens ! C’est même tout le cœur de l’Evangile de Jean, développer un Jésus qui annonce une démarche spirituelle de la vie, c'est-à-dire qu’il interprète ce qui existe, ce qui est, d'une manière spirituelle, utilisant l'aspect matériel des choses pour présenter une dimension spirituelle, un sens : le temple de Jérusalem et son corps, naissance physique et naissance spirituelle avec Nicodème, l’eau matérielle et l’eau vive avec la Samaritaine…
Et ce passage de l’Evangile de Jean sur le pain et la vie n’échappe pas à toute la dimension spirituelle ! Au verset 27, que nous n’avons pas lu, Jésus dit même : Œuvrez, non pas en vue de la nourriture qui se perd, mais en vue de la nourriture qui demeure pour la vie éternelle.
Ha la vie, voilà donc un mot qui revient énormément dans ce texte, sous différente forme comme nous l’avons dit au début. La vie ! Par cette répétition du mot, Jésus souligne le fait que nous n’avons pas la vie en nous mais qu’elle nous est donnée par Dieu. Mais comme nous l’avons dit également, l’image chez Jean est importante pour parler de l’essentiel.
Or, de quoi vivons-nous ? Physiquement, nous vivons de ce que nous mangeons. Notre vie physique est totalement dépendante de la nourriture. Raison pour laquelle nous mangeons tous les jours. Nous sommes physiquement faits de ce que nous mangeons. Alors aujourd’hui nous devrions apparemment être faits de 5 fruits et légumes par jour, ni trop gras, trop sucré, trop salé ! La nourriture, c’est la vie, c’est ce qui nous fait vivre littéralement, physiquement.
En se comparant au pain et au vin, Jésus nous signifie clairement que sa présence en nous et pour nous, la Parole de Dieu en nous, est tout autant essentielle à notre vie que la nourriture physique qui nous fait tenir en tant que chair.
Mais abordons maintenant la question de la Cène, lieu précis où tout cela se témoigne en geste ! Oui, on n’allait pas tourner 15 ans autour du pot, parler pain et vin fait que nous en arrivons à parler de la Cène, ce moment de vie du culte.
Il y a, je le crois, deux dimensions importantes qui émanent de ce texte et qui touche à la question d’être en vie justement : il y a une dimension spirituelle et une dimension humaine !
Aventurons-nous d'abord dans la dimension spirituelle de la Cène, la dimension verticale. Il se joue dans cette dimension spirituelle de la Cène toute la relation qui peut exister entre nous, humains, et Dieu ! Quelle relation avons-nous à Dieu ? Et donc, quelle relation avons-nous avec sa Parole, car oui, nous l’avons dit, ce Jésus que nous louons et célébrons, c’est bien la Parole de Dieu incarnée avant tout ! Donc oui, se joue dans la Cène toute la question de notre relation à la Parole de Dieu ! Que produit en nous cette Parole dite et en acte que nous rencontrons à travers les mots de la Bible ?
Je ne sais pas si vous avez remarqué ce que j’ai tendance à rajouter lorsque je romps le pain : « Le pain que nous rompons est communion au corps du Christ, ressuscité pour que nous ayons la vie ! ». Par le partage de ce pain nous accueillons et célébrons la vie que Dieu nous donne de vivre, cette Parole qui nous est donnée pour combler nos vies par de la joie et de l’allégresse, par de l’amour et de la fraternité, par de la bonté et de l’espérance, par de la vie ! Cette Parole qui me dit à moi, qui te dit à toi « Tu as du prix aux yeux de Dieu ». En rompant et partageant le pain, entre nous, cela nous porte directement à témoigner que cette Parole que Dieu nous donne vient nourrir nos vies entières ! Par son geste, celui qui prend ce pain exprime qu’il veut mettre le Christ, la Parole de Dieu en lui comme source de vie, de renouvellement, de force, de joie et de résurrection !!
Si nous acceptons de nous laisser nourrir par la Parole, qu’elle ait un impact dans nos vies, alors obligatoirement ça se répandra ! C’est comme la pub pour Bio de Danone il y a quelques années, « ça fait du bien à l’intérieur, et ça se voit à l’extérieur ». Ça rejoint la grâce qui nous est donnée sans condition aucune dont nous avons parlé il y a 2 semaines avec cette image d’un prisme de verre que nous sommes qui reflète l’amour de Dieu de nombreuses manières. Cette Parole de Dieu nous permet d’entendre comment ne pas être opaque à l’amour de Dieu.
Quand on parle de LA PAROLE on ne sait jamais trop d’ailleurs si on parle d’une Parole en particulier, des toutes les Paroles de Jésus, ou d’un truc plus général. Et ce n’est peut-être pas grave ! Parfois nous avons besoin plutôt d’une Parole de vie en général « Dieu aime chacun de ses enfants sans condition aucune », et parfois on a besoin d’une parole très précise « quand on te frappe sur une joue, tend l’autre joue ».
Vous avez peut-être vu que pour ce temps de Carême je vous demande de m’envoyer les versets que vous aimez ! C’est pour que, pendant les semaines qui viennent, cette Parole qui nous fait du bien, nous relève, nous porte, ce Dieu qui parle, ce Christ qui nous invite à choisir la vie, puisse vraiment se faire pain pour notre quotidien, et que nous puissions nourrir d’autres avec !
Et c’est là que nous passons à la dimension humaine de la Cène, qui est souvent beaucoup plus claire et visible… Quoique ! Cette dimension humaine, ou plutôt, cette dimension horizontale de la Cène ! Pour continuer sur ma lancée de rajouter une phrase dans la fraction du pain, j’en rajoute également une au moment de l’élévation : « La coupe de bénédiction pour laquelle nous rendons grâce est communion au sang du Christ, ressuscité pour que nous soyons la vie ». Et oui, après avoir reçu le pain, cette Parole qui est source de vie en nous et pour nous, nous sommes invités à devenir pleinement source de vie dans ce monde, à répandre la vie, à en témoigner, à la révéler lorsqu’elle semble avoir disparu ! Nous sommes envoyés directement par ce vin à vivre dans le monde ce que Dieu est pour nous : source de vie ! Le sang est ce qui rend vivant le corps ! Le vin est ce qui rend vivant le pain ! Et qu’est-ce qui rend vivante la Parole en nous ? L’Esprit qui porte cette Parole en acte !
D'une manière très concrète, cette dimension humaine se révèle physiquement lorsque nous prenons la Cène ! Nous faisons un cercle autour du temple, signifiant ainsi que ce partage n’est pas seulement entre Dieu et moi mais bien avec une communauté qui m’entoure, avec d'autres ! Nous sommes, à ce moment-là, en communion réelle les uns avec les autres, nous ne témoignons plus seulement du fait que Dieu est source de vie pour moi, mais nous témoignons ensemble que ce qui est source de vie est au milieu de nous, et dans celui qui est en face de moi !
Après un témoignage personnel par le pain nous sommes réellement et pleinement dans un témoignage communautaire par le vin, assurant et assumant que nous ne sommes pas seuls, et que de la vie émane de nos vies !
Alors, il y a vivre la Cène et prendre la Cène, vu que nous parlions du sens. Comment faire pour que la Cène ne devienne pas une sorte de mécanisme, un truc qu’on fait tous les dimanches comme ça parce qu’on a l’habitude ? Comme avec le Notre Père d’ailleurs. Finalement, comment laissons-nous la Parole de Dieu se renouveler en nous ?
Ça m’a fait penser aux 24H du Mans… Oui, 7 ans au Mans, ça laisse des traces ! Tout le monde connait ? L’idée c’est que des voitures tournent sur un circuit pendant 24h. Je me suis dit, tiens, 24H à tourner en rond, au bout d'un moment, prendre les virages devient automatique, accélérer en ligne droite c’est seulement appuyer plus fort sur la pédale. Finalement, tous les tours se ressemblent, on ne fait plus attention ça devient mécanique. Et là je me suis dit que non ! Non, tous les tours sont différents, on prend le virage un peu mieux, on prend confiance, mais il peut toujours il y avoir une feuille sur la route qui nous fait déraper, une branche qui nous oblige à la détourner… En fait, les pilotes doivent rester attentifs pour continuer à avancer en sécurité et en sûreté, ils doivent continuer à donner du sens à chaque virage pour être sûr de ne pas faire de sortie de route.
Avec la Cène, avec la Parole de Dieu, c’est exactement la même chose, bon, à quelques détails prêts hein ! Mais sur le fait c’est pareil, nous sommes invités à rester attentifs à ce que cela produit en nous et nous apporte au fil des Cènes, des lectures, des partages, pour ne pas perdre le sens. Rester attentifs à ce que signifie manger le pain, corps du Christ, et boire le vin, sang du Christ pour nos vies. Rester attentifs à ce que veut dire « se laisser transformer par la Parole de Dieu », même si nous faisons 800 Cènes en 24H, que chaque Cène soit différente car nous sommes différents à chaque seconde. Accepter que la Parole de Dieu remue ma vie différemment à différents moments de ma vie.
Tout cela fonctionne ensemble et s’entremêle pour que ce pain et ce vin deviennent pour nous source de vie et de mouvement, pour ne pas faire une sortie de route : donc, comme ce qu’on dit depuis le départ : donner du sens !
C’est bien de vivre qu’il est question dans ce texte, pas tant de manger, de boire littéralement, de pratiquer telle ou telle tradition, mais bien de vivre, de choisir la vie !
Entendre ce Jésus nous dire « JE SUIS LE PAIN DE VIE ».
Vivre de et par Jésus, cette Parole, qui est pain, mais qui est aussi Lumière, chemin, vérité, porte, cep, berger, une Parole qui donne la vie !
Alors, si on te demande si tu as faim, n’hésites pas à répondre : Oui, oui j’ai faim ! J’ai faim de pain et de vin, d’espérance et de bonté, de ce qui donne la vie dans et pour ce monde. J’ai faim du Christ, de cette Parole de Dieu qui, par l’Esprit, fait entendre au monde ce que veut dire : VIVRE !
AMEN.
Sophie Ollier