""Vas-y ! Brille !!" Facile à dire..."

« Vas-y, brille ! », Facile à dire…

Prédication du dimanche 7 janvier 2024, par la pasteure Sophie Ollier

Lectures bibliques :

• Matthieu 2, versets 1 à 12
• Esaïe 60, versets 1 à 6

En ce dimanche de l’Epiphanie, voilà ce fameux texte des mages venus de loin pour offrir à l’enfant Jésus de l’or, de l’encens et de la myrrhe, c’est un texte que nous connaissons bien, mais souvent un peu différemment avec le folklore culturel qui s’est ajouté au fil des siècles ! Et même, n’importe qui aujourd’hui connait, de près ou de loin, cette histoire des trois mages, des rois mages même ! C’est un texte sur lequel j’ai déjà prêché il y a un peu plus d’un mois lorsque ce thème était abordé par les enfants de l’école biblique. Mais comme les textes ont toujours quelque chose de nouveau à nous dire, alors allons-y !

Lorsque nous nous posons la question de l’épiphanie, ou de manière plus contemporaine dirons-nous, de la galette des rois, nous parlons de 3 mages venus dans une étable pour apporter des cadeaux à l’enfant Jésus. Allé hop, de la frangipane, de la pâte feuilleté et 3 bonhommes en plus dans la crèche, voilà à peu près ce qu’est l’Epiphanie aujourd’hui !

Est-ce vraiment tout ce que cette histoire a à nous dire ? Des cadeaux offerts à Jésus ? Je suis certaine que non ! C’est notre défi de chrétien d'ailleurs, d'essayer de retrouver continuellement le sens des textes, de nos rites, de nos traditions, pour que notre foi puisse encore grandir et s’épanouir, se questionner et voir même, être réorientée ! 

En ce premier dimanche de janvier nous cherchons peut-être une parole qui donne une orientation à cette nouvelle année justement ?

Nous avons fêté le nouvel an comme un nouveau commencement. Le passage d’une année à l’autre. L’année qui vient de s’écouler fait partie du passé et nous nous tournons vers une nouvelle année qui représente le futur. Une espérance qui s’ouvre sur quelque chose de nouveau.

La plupart de nous avons fait le point sur notre année 2023 pour pouvoir, aujourd’hui, laisser place à un recommencement, à un re-nouveau. Du moins c’est la tradition. Et oui, on se pose quand même la question : tiens, qu’est-ce que je pourrais faire différemment cette année ?  On fait alors une liste de bonne résolution, qu’on tiendra peu, enfin, là j’avoue que je parle pour moi... 

Et parmi tout ça nous nous souhaitons de la joie, de l’espérance, de la santé, des projets qui aboutissent, et de l’amour. Tout cela chaque fois un peu plus que l’année d’avant.

Nous le faisons dans notre vie civile, de souhaiter du renouveau, de souhaiter que cette nouvelle année nous apporte quelque chose de différent qui pourrait nous changer ! Alors pourquoi ne pas le faire dans notre foi ? Et pourquoi pas commencer ces changements avec le texte des mages, de l’Epiphanie, et celui que nous avons lu chez Esaïe, pour que ce moment soit réellement un temps qui nous tourne vers l’avenir, vers un futur ?

Alors, Epiphanie… Mais de quelle apparition s’agit-il ?

Car c’est bien ce que signifie ce mot Epiphanie : la venue de Jésus, lumière du monde. Dans notre histoire et dans notre monde, surtout très concrètement ces derniers temps, lorsque nous parlons de lumière ça peut parfois nous paraître flou. On ne peut pas dire que tout va bien dans notre monde malheureusement ! Le mot « conflit » agite notre quotidien, tout comme les mots précarité, injustices, solitude, maladies, dépression, burn-out, catastrophe naturelles, violence, indifférence, rejet… des mots mais surtout des situations de vie qui nous entourent, nous touchent de plus ou moins près !

Ha oui, bonne année au fait !! Mais les souhaits de bonne année n’empêchent pas de regarder ce qui nous entoure.

Et finalement, le texte que nous avons lu chez Esaïe n’a presque pas pris une ride : Certes, les ténèbres couvrent la terre et une obscurité épaisse recouvre les peuples. Que c’est d'actualité ! Heureusement, ce texte ne nous laisse pas comme cela ! Voir même plus, il commence par de l’espérance ! Lève-toi, brille : ta lumière arrive, la gloire du SEIGNEUR se lève sur toi. Alors, je vous l’accorde, toujours facile de dire « Vas-y, brille ! » et de laisser l’autre se dépatouiller avec ça. C’est bien joli de parler de Lumière de Dieu à tout va, qui éclaire nos vies, mais, concrètement, ce n’est pas toujours aussi simple que ça !

« Vas-y, brille ! », facile à dire, plus difficile à vivre !

Surtout que, bon, avec le texte des mages chez Matthieu, ce n’est pas directement de Lumière dont on nous parle ! Mais d'une étoile, ce qui, avouons-le, pour nous, n’est pas spécialement ce qui éclaire le plus. Lorsqu’une étoile est cachée par les nuages ou encore trop éclairée par les lumières superficielles de la ville, l’étoile peut sembler absente.

Autrement dit, lorsque cette fine mais visible Lumière de Dieu est largement cachée par des violences, des mots qui frappent ou encore par tout le matériel de notre monde, cette Lumière de Dieu peut nous sembler absente ! Mais lorsque le nuage se dissipe et que les lampadaires ne parasitent plus notre regard, l’étoile apparait plus rayonnante que jamais.

Les mages, eux, ont regardé, ils ont vu et ils ont reconnu cette lumière comme étant leur guide, celle qui les mènerait à cet enfant. Ils ont été attentifs !

Alors, qu’est-ce que ça leur a apporté cette petite mais puissante lumière ?

Une visite !

Que nous dit notre texte ?

Nous avons des mages d'Orient qui arrivent à Bethléem !

Là-bas ils remplissent des fonctions au service des rois. Ils sont conseillers en religion, prêtres, astronome, astrologue… Ce sont d’une certaine manière des savants, des sages et des religieux. Et ce seront les premiers à se prosterner devant Jésus. Comme quoi, la raison et la foi sont capables de faire bon ménage.

Nous ne savons que peu de choses sur ces mages, d'ailleurs on ne nous dit pas qu’ils sont trois et encore moins qu’ils s’appellent Gaspard, Melchior, Balthazar.

Ce peu de chose que nous savons de ces personnages qui font route vers Jésus, fait que chacun peut s’y retrouver. Les mages sont mis en scène dans ce récit offrant la possibilité à chaque être humain de se reconnaitre en eux. D’une certaine manière, ils deviennent des miroirs dans lesquels nous pouvons découvrir quelque chose de nous-même.

Ces personnages se mettent en route à la découverte, à la recherche d'une Bonne Nouvelle qu’on leur a annoncée, qu’ils souhaitent voir de leurs propres yeux, oui, cela peut-être chacun d'entre nous. Se mettre en marche pour partir à la rencontre d'une Lumière qui viendrait éclairer nos vies.

Quand les mages arrivent dans la maison où se trouve l’enfant, il est question :

De joie : « A la vue de l’étoile ils éprouvèrent une très grande joie ».

D’accueil : « Ils entrèrent dans la maison ».

De rencontre : « ils virent l’enfant avec Marie, sa mère ».

D’adoration : « et tombèrent à ses pieds pour se prosterner devant lui ».

De dons : « ils ouvrirent ensuite leurs trésors et lui offrent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Tout cela dans un climat de simplicité et de recueillement.

Une maison où aujourd’hui encore tous les humains, d’où qu’ils viennent, peuvent s’ils le souhaitent, se laisser accueillir et s'approcher simplement du Seigneur. C’est sa maison. Son accueil n’est pas sélectif. Pas besoin de concours pour accéder à lui.

C’est finalement tout simple, juste après la naissance de Jésus, les premiers gestes qu’on nous raconte sont ceux-là : la joie, l’accueil, la rencontre, l’adoration et les dons. Que demander de plus ? C’est là que se trouve la rencontre avec Dieu, avec le Christ, la Parole incarnée de Dieu, dans cette simplicité-là.

Et là, en réfléchissant à cette prédication, je me suis demandée une chose : est-ce que la Lumière dont nous parlons toujours, la Lumière de Dieu, c’est l’étoile qui nous guide ou est-ce que c’est ce nous découvrons une fois que nous avons été guidés ?

Vous voyez ce que je veux dire ? Est-ce que la Lumière de Dieu que nous avons du mal à voir dans notre monde parfois, est-ce que c’est une pointe de Lumière que nous attendons de voir apparaitre ou est-ce que c’est quelque chose qui découle de ce que nous faisons avec et pour l’autre ?

En vérité, je crois que c’est vraiment les deux en même temps, comme un élan ! Il y a une Lumière qui peut nous parvenir par Dieu pour nous guider, nous « pousser à », comme une étoile, mais c’est par la joie, l’accueil, la rencontre, l’adoration et les dons que la vraie Lumière se révèle ! Alors, quand je parle de dons je ne parle pas du temps de l’offrande hein ! 

Je crois que ce que nous dit ce texte, et ce que nous a dit Esaïe aussi c’est ça, un mouvement qui vient d'en-haut pour nous faire aller dans le monde pour y découvrir LA vraie Lumière ! Avoir seulement les yeux rivés vers le ciel ne nous permet pas de la découvrir pleinement !

Et une fois qu’on a vécu ce temps de Lumière, que se passe-t-il ?

Puis, divinement avertis en rêve de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Et oui, la rencontre avec le Christ VIVANT, avec cette Parole vivante de Dieu, nous invite à ne pas prendre le même chemin qu’à l’habituel, à ne pas revenir sur nos pas, à ne pas suivre toujours le plan de départ. La rencontre avec la Parole nous invite nous aussi à emprunter une route nouvelle. Vers où ? On ne le sait pas, mais on y va. Mais une chose est sûre : on en repart changé de la rencontre avec Jésus. Et ce « Vas-y, brille ! » fait alors sens.

Comme les mages qui regagnent le pays par un autre chemin, nous sommes appelés à retourner vivre au quotidien mais par un autre chemin. Quelque chose a bougé. Nous sommes invités à nous laisser déplacer.

Une dernière chose avant de conclure cette prédication, tout particulièrement avec ce verset chez Esaïe : Lève-toi, brille : ta lumière arrive, la gloire du SEIGNEUR se lève sur toi.

Une tradition chrétienne dit que pour éprouver l’importance des paroles de la Bible pour notre vie, il faut parfois oser lire un verset biblique en ordre inversé. En commençant par la fin et en terminant par son début.

C’est ce que je voudrais faire avec ce verset d’Esaïe : La gloire du SEIGNEUR se lève sur toi, Ta lumière arrive : Lève-toi, brille.

En cette nouvelle année, on souhaite santé, amour, joie, espérance, sérénité… il y a des choses sur lesquelles nous pouvons influer et d’autres non ! Des événements qui arrivent qui mettent à mal ces souhaits, mais il y aussi des choses que nous pourrions faire qui seraient, elles, sources de joie, d’espérance, de sérénité… comme offrir à d’autres des moments de joie, d’accueil, de rencontre, d’adoration, de dons ! Ainsi, lorsque nous souhaitons des choses à quelqu’un, nous pouvons assurer le SAV ! D’uns certaine manière, c’est dire à l’autre « je te le souhaite, et saches que je serai présent pour faire au mieux afin que ces vœux ne demeurent pas lettres mortes ». C’est un Contrat de confiance !

Avec ce verset d’Esaïe on peut y entendre ! N’est-ce pas là un souhait de la part de Dieu ? Que notre Lumière brille ?!! Mais comme on peut le voir aussi, il ne nous laisse pas seul dans tout cela mais sa présence, la Lumière qu’il nous donne, permettra de vivre ce qu’il nous souhaite ! Dieu assure le SAV !

Je nous souhaite ainsi une année qui ne soit pas forcément faite de coups d’éclats, mais qui nous permette au quotidien, qui que nous soyons, d’où que nous venions, de nous laisser approcher en toute simplicité par Le Seigneur, comme nous le montre ce récit : par la joie, l’accueil, la rencontre, l’adoration et les dons, et là, nous pourrons repartir remplis de Lumière à faire briller !  

Mais aussi une année, où nous ne repartons pas tous par le même chemin, où tous nous sortions des sentiers battus, et que nous découvrions quelques-uns de ces nouveaux chemins qui nous sont ouverts par la rencontre avec le Christ vivant.

Et qu’ainsi, nous puissions être, pour les autres, le SAV des souhaits qu’on fait pour eux !

Alors oui, vas-y, brille !!!! Facile à dire, mais tellement puissant à vivre !! Et n’oublie pas, que le Seigneur, lui, t’envoie tout ce dont tu as besoin pour ça ! Alors vas-y, brille !!!

Amen  

Sophie Ollier