C’est la reprise !
Culte rentrée epupl - Prédication
Lectures : Actes 2, 42-47
Prédication des pasteurs Christian Baccuet (CB) et Andreas Lof (ALo).
ALo – La rentrée, c’est la reprise de nos activités
C’est la rentrée. C’est la reprise de la vie d’Eglise. Nous allons reprendre nos activités et nos rencontres après la dispersion de l’été et la pause estivale. Certes, c’est une rentrée particulière cette année : une rentrée masquée, une rentrée compliquée, une rentrée sans bises fraternelles, une rentrée où il faut garder ses distances au lieu de s’approcher, même dans le Temple ! Qui aurait pu imaginer cela il y un an ? Mais, bonne nouvelle : nos activités vont presque toutes reprendre dans les jours à venir. Avec quelques exceptions comme les repas après culte, trop compliqués dans notre petite sacristie !
Mais ce matin nos enfants ont retrouvé leurs animateurs du Jardin Biblique, de l’Ecole Biblique et du Pré-KT dans les différentes salles de ce Temple. Hier soir nos catéchumènes se sont retrouvés rue Madame pour la reprise de leur parcours KT. Toutes ces activités, que vous trouvez dans le nouveau GPS (Guide pour Servir) – qu’en principe vous allez tous recevoir ces jours-ci –, vont reprendre tout en respectant les conditions contraignantes qui sont pour l’instant encore en vigueur. Une reprise donc bien particulière cette année. Où nous avançons avec encore pas mal d’inconnu.
Mais ce que nous savons c’est que nous reprenons le chemin de l’Evangile, le chemin de Jésus qui vient éclairer notre chemin ensemble cette année encore. N’est-ce pas là la vraie reprise pour nous : engager nos vies avec le Christ cette année encore ?
CB – La reprise… comme pour des chaussettes
Quand j’entends « reprise », je pense à la reprise des chaussettes ! Quand une chaussette est déchirée et qu’on la recoud, on dit qu’on la reprise. Cela ne se pratique plus guère, et pourtant que de déchirures en nous, parmi nous, en ce monde, que de lieux à repriser...
Aujourd’hui, nous reprenons nos activités d’Eglise dans un contexte particulier, après des mois compliqués liés à la pandémie. Déchirure de notre vie d’Eglise quand chacun était enfermé chez lui, déchirure de notre pays quand la crise économique va s’abattre sur les plus faibles, déchirure de notre monde quand chaque pays se replie sur soi et que les plus pauvres sont laissés de côté.
Quand la première Eglise se rassemble, comme en témoigne le texte que nous venons de lire, c’est dans un contexte de déchirement. Jésus est mort sur la croix, les disciples l’ont tous abandonné, Judas a trahi et est mort, l’hostilité des autorités se concentre sur les premiers chrétiens.
Mais l’Esprit saint a soufflé la présence de Dieu en eux, à Pentecôte. La résurrection de Jésus a pris sens pour eux. Ils se rassemblent dans la joie et la communion fraternelle et, nous dit le texte, « Dieu accomplissait beaucoup de prodiges et de miracles par l’intermédiaire des apôtres ».
Ils se rassemblent pour que l’Evangile continue à agir, pour que l’œuvre du Christ soit poursuivie. Pour que des hommes et des femmes meurtris par la vie entendent la bonne nouvelle qui remet debout, qui répare, qui met à nouveau en lien. Qui recoud.
On peut avoir l’impression que les chrétiens ne font pas grand-chose dans ce monde, qu’ils se contentent d’essayer de coller de vieux pansements sur une fracture, de colmater des brèches béantes, de répéter des vœux pieux qui n’empêchent pas le mal de se multiplier sur terre.
On peut aussi se dire que le rôle des chrétiens est peut-être justement d’être là où il y a besoin de repriser, de boucher des trous, de réparer des déchirures. Il faut de la patience, de l’habileté, on risque parfois de se piquer le doigt. Mais faire ainsi œuvre de réconciliation, c’est être fidèle à l’Evangile qui nous réconcilie avec Dieu, avec nous-mêmes, pour que nous devenions acteurs de réconciliation.
Pas d’une pseudo réconciliation qui nierait les conflits et les injustices, mais de la vraie réconciliation qui passe par la justice. C’est-à-dire par de justes relations entre les êtres humains.
Dans nos familles, dans notre communauté, dans notre société, il y en a des déchirures ! Fractures économiques, sociales, psychologiques, ethniques... notre monde a si vite fait de séparer et de détruire. Nous avons à réparer et à construire. Voilà notre mission d’Eglise, ici et maintenant, à Pentemont-Luxembourg : retisser des liens, refaire passer des fils entre les gens, remettre en relation, reprendre ceux qui lâchent prise, construire une terre à l’image de l’Evangile : juste et fraternelle.
ALo – La reprise… comme pour une partition
Tu as parlé de la reprise d’une chaussette. Moi le mot reprise me fait penser à une partition de musique. Dans une partition de musique baroque ou classique il y a très souvent à la fin du morceaux une indication qui invite à tout reprendre dès le début une deuxièmement fois. C’est la reprise.
Dans la vie d’Eglise, nous pouvons avoir cette impression de faire de toujours des reprises d’une même partition : de la Bible, des évangiles, les grandes fêtes qui reviennent chaque année, Noël, Pâques, Pentecôte. Oui, dans la vie chrétienne il y a toujours un peu de déjà vu et déjà entendu à cause de ces reprises. Mais comme avec une belle et grande partition, de Bach, Mozart ou Beethoven, on peut trouver beaucoup de joie quand on l’entend à nouveau et y entendre des choses nouvelles. Elles sont inépuisables et chaque génération y trouvent du neuf !
L’Evangile est bien une partition inépuisable où il y toujours des choses à réentendre et à redécouvrir. Mais surtout, une partition il faut la faire vivre sinon cela reste des notes écrites, sans vie. Les musiciens le font avec leur voix ou leurs instruments. La partition de l’Evangile demande que nous le vont vivre par nos vies, notre vie au quotidien, nos engagements, nos actes et nos paroles. Sinon l’Evangile aussi reste une partition sans vie. Oui, comme un orchestre ou un chœur nous voulons accorder nos voix, nos vies pour faire entendre ensemble la belle partition de l’Evangile pour notre temps, pour nous-mêmes et pour d’autres.
Comme avec un orchestre ou chœur cela nous invite tous à regarder attentivement dans la même direction de notre chef d’orchestre, chef inspiré, divinement inspiré… Jésus. C’est peut-être là la clé pour bien exécuter la belle et inépuisable partition de l’Evangile ! Être attentifs à ses gestes, son regard, sentir son inspiration et le souffle qu’il nous donne, voilà ce qui nous permettra une reprise de l’Evangile qui sonnera belle et juste, cette année encore.
Il est dit des premiers chrétiens à Jérusalem qu’ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres, à la lecture et l’écoute de l’Evangile, à la prière commune, mais aussi aux repas communautaires, moment de joie et d’allégresse. Voilà la partition que les premiers chrétiens ont mis en musique par leur vie. Une partition qui sonnait juste et qui a touché beaucoup de cœurs, amené beaucoup de gens vers l’Evangile. Nous voulons la reprendre encore aujourd’hui et la faire sonner dans notre monde aujourd’hui, face aux défis de notre temps. Souhaitons que la reprise de la belle et grande partition de l’Evangile soit aussi pour nous source de surprise cette année et qu’elle nous donne cette même joie de l’Esprit que ces premiers chrétiens ont ressentie !
CB – La reprise… comme pour une voiture
Quand j’entends « reprise », je pense aussi à une voiture. Quand elle arrive au milieu d’une côte, si elle manque de reprise, si elle n’est pas assez puissante, une voiture doit rétrograder pour continuer jusqu’en haut. Ainsi peut être notre vie d’Eglise, presque coincée dans la montée, à deux doigts de caler, nécessitant un changement de vitesse pour ne pas reculer. Comme un signe d’essoufflement. Il est vrai que nous vivons dans un monde - et un pays - où il n’est pas facile de vivre sa foi, de la dire. Il est vrai que notre Eglise est toute petite, presque invisible, fragile.
Mais la reprise d’une voiture, c’est aussi ce qui lui permet de pouvoir accélérer, reprendre de l’énergie pour doubler, retrouver sa pleine vitesse après avoir ralenti. Notre vie d’Eglise, après le ralentissement du confinement, retrouve énergie et espérance pour continuer le voyage avec Dieu. Comme un signe de souffle nouveau, dans nos activités, nos rencontres, nos offrandes, tout ce qui fait la richesse et la diversité de notre chemin ensemble.
Dans le passage des Actes que nous avons lu, cette dynamique est présente : « Ils louaient Dieu et ils étaient estimés par tout le monde. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à leur groupe ceux qu’il amenait au salut ». Les premiers chrétiens ne s’arrêtent pas, ils ne s’enferment pas, ils vivent de l’Evangile et leur joie se voit. Ils ne se laissent pas aller au découragement devant la raideur de la pente, ils reçoivent du Seigneur un élan nouveau. Une énergie nouvelle, l’Esprit saint, le souffle de Dieu. Ainsi, acteurs de réconciliation autour d’eux, et entre eux partageant une vie communautaire chaque jour renouvelée, ils sont participants d’une dynamique d’Eglise, non pas pour se glorifier du nombre de personnes qui les rejoignent, mais pour se réjouir du salut de ceux qui sont touchés par l’Evangile. Le salut, c’est-à-dire la libération, l’élan de vie, l’Evangile, la joie, des frères et des sœurs dans la foi, des justes relations à Dieu, à soi-même, aux autres...
Ainsi peut être la reprise pour notre Eglise, ici et maintenant, à Pentemont-Luxembourg : le refus de se laisser ralentir par nos mauvaises humeurs, nos soucis, nos difficultés, notre faiblesse, le poids du monde ou la peur de l’avenir, mais être entraînés par la force de Dieu et être une communauté accueillante, qui se réjouit de celles et ceux qui la rejoignent !
La reprise, c’est recevoir un nouvel élan, pour pouvoir passer à la vitesse supérieure. Recevoir de l’Esprit saint cette dynamique d’engagement dans le monde, de vie communautaire, de joie de l’Evangile qui se répand !
ALo – Le souffle de l’Esprit
Il faut conclure ! Ce temps de la rentrée est pour nous, en tant qu’Eglise, bien plus que la reprise de nos activités. C’est bien le moment où nous voulons reprendre avec nos cœurs, nos têtes, nos mains la route de l’Evangile.
Réentendre cet appel du Christ à être des réparateurs des brèches et déchirures qui traversent nos vies et la société, pour un monde plus fraternel et juste.
Nous voulons reprendre en main l’inépuisable partition de l’Evangile de Jésus Christ pour la rendre vivante par nos vies pour qu’elle sonne belle et juste à travers nos vies.
Oui, nous voulons reprendre notre vitesse, un souffle nouveau, après le temps de ralentissement, du confinement, et gonfler à nouveau nos voiles, prendre un nouvel élan.
Et nous savons que, depuis le jour de Pentecôte, l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Christ Ressuscité, a toujours été l’âme vivante, la force de vie nouvelle de toute communauté chrétienne. Ce même Esprit qui faisait vivre les premiers chrétiens à Jérusalem, nous est donné aussi, à nous petite communauté protestante au cœur de Paris. Pour ressusciter et faire entendre la belle et inépuisable partition de l’Evangile parmi nous. Par notre vie communautaire et notre joie fraternelle, le partage, la prière et l’accueil de l’autre, notre désir commun de mettre l’Evangile de Jésus Christ en pratique et en musique par nos vies.
C’est à cette reprise de l’Evangile aujourd’hui que Dieu nous convoque et nous appelle ! En nous donnant le souffle de son Esprit. Alors, bonne reprise !