Un livre, quatre objets… un trésor !

Lecture biblique : 2 Timothée 3, 14-17

AL : C’était beau et émouvant de donner une Bible à chacun et chacune de nos jeunes qui vont suivre le catéchisme !

CB : Oui, tout à fait d’accord. Espérons qu’ils pourront tous découvrir dans les années à venir pourquoi ce livre n’est pas comme les autres mais un livre qui peut vraiment accompagner leur vie. Mais c’est bien un des objectifs du catéchisme et nous allons tout faire pour les aider dans cette découverte !

AL : C’est sûr : la Bible n’est pas un livre comme les autres ! J’ai eu le sentiment qu’on a mis ce matin entre leurs mains un peu comme un trésor… comme un cadeau de la part de Dieu ! Encore faut-il qu'ils puissent découvrir que la Bible contient vraiment un trésor de la part de Dieu pour chacun d'eux. Nous le savons bien : cette découverte ne va pas de soi. La Bible est parfois difficile à lire et à comprendre !

CB : Oui, ce n’est pas toujours facile de lire la Bible, loin de là ! La Bible n’a pas été écrite hier mais dans un lointain passé et dans un monde tout autre que le nôtre. D’où l’importance de savoir pourquoi, en fin de compte, on lit la Bible, pourquoi on fait tant d’efforts pour lire ces textes vieux de plus de deux mille ans.

AL : Et si nous disions toute suite pourquoi nous croyons que tous ses efforts valent la peine, pourquoi ce livre est un véritable trésor pour notre vie ? Pas seulement pour ces jeunes mais pour chacun de nous.

CB : Oui, très bien. Tu as parlé d’un trésor de la part de Dieu. Tu en dis un peu plus ?

AL : OK… Et je te fais confiance pour nous rappeler comment nous pouvons mieux en saisir le sens, malgré la complexité du livre et la distance qui nous sépare du monde de la Bible.

CB : Tu peux compter sur moi !

AL : Alors voilà, j’ai apporté… une lettre d’amour ! J'aime bien comparer la Bible à une lettre : une lettre que Dieu nous adresse à chacun de nous. Je le sais bien : la Bible raconte une histoire très longue et complexe et comporte une véritable bibliothèque de livres très divers : du livre de Genèse jusqu’au livre de l’Apocalypse, on peut en compter soixante-six ! Mais malgré ces presque deux mille pages, on peut comparer la Bible à une lettre d’amour. Une lettre d’amour que chacun de nous reçoit personnellement de la part de Dieu. Dieu veut adresser au fond une seule parole ou message à chacun de nous. Il nous dit : « Toi aussi je t’ai créé et tu comptes infiniment pour moi, tu peux compter quoi qu’il arrive dans ta vie sur mon amitié et sur mon amour pour toi ». Si nous lisons la Bible, c’est pour entendre et capter ce message-là, cette parole de Dieu qu’il adresse à chacun de nous ! Finalement ce n’est pas le livre qui compte mais c’est de découvrir ce message d'amour : cet amour de Dieu pour moi et pour les autres. Dans la Bible, nous voyons que tant d’hommes et de femmes ont expérimenté cela avant nous, ils ont entendu ce message de Dieu et cela a changé leur vie. Ils sont entrés dans une relation avec Dieu qui les a accompagnés toute leur vie. Dieu et l'homme ont fait Alliance, selon l’expression biblique. Aujourd'hui on dirait : ils ont vécu une relation d'amitié et de solidarité. On peut dire que la Bible est le récit de l’amitié entre Dieu et les hommes. Cette amitié a souvent été trahie par les hommes, mais jamais par Dieu. Même quand les hommes ont abandonné Dieu et se sont éloignés de Lui, la Bible nous dit que Dieu n'abandonne jamais l'homme et nous reste fidèle malgré tout. J’ajouterai ceci : c’est dans la vie de Jésus, oui même dans sa mort, qu’on peut comprendre à quel point Dieu nous aime et que cet amour peut donner un sens à toute notre vie. C’est ce que Paul dit à Timothée : « Les Saintes Ecritures peuvent te donner la sagesse qui conduit au salut par la foi en Jésus-Christ » !

CB : J’aime bien cette image de la Bible comme lettre d’amour que Dieu nous écrit. Mais parfois, je me dis que Dieu écrit de manière compliquée, avec des mots difficiles et des récits obscurs. Il n’est pas toujours facile de comprendre ce qu’il nous dit et on a parfois du mal à ouvrir la Bible, la lire, y réfléchir. C’est un défi de lire un vieux texte en le respectant, en l’étudiant sérieusement, en le situant dans son époque, dans son contexte, dans sa culture ; c’est pourtant essentiel pour ne pas comprendre de travers ou, pire, lui faire dire le contraire de ce qu’il dit ! Une lecture responsable et respectueuse du texte passe par ce travail de mise en perspective, de critique, d’intelligence. C’est ce que l’on essaie de faire au catéchisme comme dans tous les moments de notre vie d’Eglise où nous ouvrons la Bible, avec le désir d’y entendre la parole d’amour de Dieu pour nous. Heureusement, nous avons une sacrée aide. Je vous ai apporté… un ventilateur ! Le ventilateur, comme son nom l’indique, fait du vent. Il donne du souffle. Dans les deux langues bibliques, l’hébreu comme le grec, vent, souffle, esprit, c’est le même mot. Pour lire la Bible, il faut respecter le texte, et pour y entendre la Parole de Dieu, il faut être entraîné dans son souffle, par l’Esprit saint. En protestantisme, on parle de la double inspiration du texte biblique : Dieu a inspiré ceux qui l’ont écrit, et Dieu inspire ceux qui le lisent. Calvin parlait du témoignage intérieur du Saint-Esprit. Dans la foi, lire la Bible c’est écouter Dieu me parler. Pour ce faire, prier pour lui demander de me mettre en disposition d’écoute est essentiel. Dans le culte, on prie toujours avant d’ouvrir l’Ecriture. C’est pareil pour chacun : prier et étudier la Bible s’entrecroisent ! Notre foi nous appelle à tenir ensemble le cerveau et le cœur, la lecture et la prière, le monde et la Bible, notre intelligence et l’inspiration que Dieu nous donne. Car, comme le dit Paul à Timothée, « toute Ecriture est inspirée de Dieu ».

AL : Tu as raison de rappeler ce lien entre la lecture et la prière, notre intelligence et l'inspiration par l'Esprit de Dieu. L'Esprit nous aide en quelque sorte à dépasser la distance entre le monde de la Bible et notre époque, parce que par Son Esprit Dieu nous parle aujourd'hui. Certes on pourrait dire et objecter que le monde d’Abraham, de Moïse ou de Jésus n’est plus du tout le nôtre. C'est sûr : le monde a complètement changé dans tous les domaines de notre vie. Est-ce que la Bible écrite il y a 2000 ans peut être encore un guide pour nos vies ? Pourtant… je ne suis pas sûr que l’être humain ait tellement changé ! Dans la Bible, je rencontre partout des hommes et des femmes comme nous, avec leurs rêves et leur quotidien, leurs joies et leurs difficultés de vivre ensemble, leur jalousie, leur haine et aussi leur générosité et leur fraternité. Tout ce qui est humain, pour le meilleur et pour le pire, nous le retrouvons dans la Bible. C’est pourquoi j’ai apporté… un miroir ! Nous pouvons considérer la Bible comme un miroir de la vie humaine : nous découvrons et voyons-nous même dans ce miroir. Abraham qui croit et qui doute en même temps, c’est bien nous ! Jonas qui va dans la direction opposée de ce que Dieu lui demande : c’est bien nous ! Joseph et ses frères qui se disputent entre eux : c’est bien nous ! La Bible est ainsi un livre profondément humain et ajoutons : aussi très réaliste. Elle parle de nos vies et de ce que nous sommes en vérité. Mais heureusement et c'est une chose plein d'espérance : la vie de l’homme dans la Bible est toujours placée sous la réalité de la Promesse et aussi du Pardon de Dieu. Toujours ! Dans la Bible l’homme n’est jamais enfermé dans son passé, ni dans son présent. Dans la Bible Dieu ouvre toujours une porte ou des portes vers un avenir meilleur, vers un avenir ouvert. Lire la Bible me permet ainsi de mieux me connaître en tant qu’être humain mais surtout elle me permet d’espérer pour moi-même et pour les autres. C’est ce que Paul dit à Timothée : l’Ecriture « est utile pour enseigner la vérité, réfuter l’erreur, corriger les fautes et former à une juste manière de vivre ».

CB : Tu viens de prononcer un mot essentiel : les autres ! Le problème dans la vie, c’est qu’on peut rester assis devant son miroir, se regarder, fasciné, et se figer dans sa propre contemplation. Rester tout seul devant son écran. Se couper et s’isoler des autres. Etre seul. Alors j’ai apporté… une prise multiple ! Quand on lit la Bible, on n’est jamais seul. Branché sur la Parole de Dieu, je reçois son énergie. Mais d’autres aussi la reçoivent. Cela se démultiplie. Et parce que cela se démultiplie, cela se partage. Lire la Bible, c’est être en relation avec ces autres qui la lisent, qui tentent aussi de la comprendre et d’en faire quelque chose pour leur vie. Cette communauté de chercheurs de sens, on l’appelle l’Eglise. L’Eglise, ce n’est rien d’autre que nous, frères et sœurs en quête de vérité, qui marchons ensemble et nous entraidons. Lire la Bible avec d’autres, c’est essentiel, cela aide à comprendre, on reçoit des explications, on partage nos questions, on entend ce que les autres en pensent, on s’aide mutuellement à cheminer dans ce que le texte nous dit ; c’est ce que l’on fait au catéchisme, dans les groupes bibliques, dans les groupes de maison ! Et puis les autres, ce n’est pas seulement ceux avec qui je lis, c’est aussi les personnes que je côtoie dans la rue, au lycée, au travail, et aussi ceux que je ne connais pas mais qui vivent sur cette terre, parfois dans des conditions terribles. Lire ne m’enferme pas sur moi-même, ni bien au chaud entre nous, mais m’envoie vers les autres, à leur rencontre, dans la solidarité, l’espérance, pour ensemble construire une terre un peu plus juste et fraternelle. C’est comme la prise multiple : lire la Bible c’est laisser passer le courant de Dieu à travers moi pour que d’autres puissent s’y brancher aussi ! C’est ainsi que je comprends ce que Paul dit à Timothée : l’Ecriture est offerte « pour que l’homme de Dieu soit parfaitement préparé et équipé pour accomplir toute œuvre bonne ».

AL : On parlait d’un trésor et nous voilà avec quatre objets qui nous disent pourquoi il est bon de lire la Bible !

CB : Une lettre d’amour parce que dans ce livre c’est Dieu qui nous parle.

AL : Un ventilateur car c’est l’Esprit saint qui nous donne d’y entendre sa Parole.

CB : Un miroir car c’est nos vies qui sont éclairées par cette Parole.

AL : Une prise multiple car cette Parole nous met en relation avec les autres.

CB : Finalement, la Bible c’est un livre qui nous met en mouvement !

AL : Pour terminer, permet moi de développer encore une autre image en rapport à notre lecture de la Bible. Elle vient d’un chrétien du 2e siècle qui a vécu à Lyon : Saint Irénée. Il disait que la Bible était la main tendue du ciel de Dieu envers l’homme pour nous tirer vers Lui, pour nous tirer vers le haut. J’aime bien cette image et cette notion de Dieu qui me tire vers le haut par sa Parole, là où tant de choses dans ma vie ou dans la société me tirent ou essaient de me tirer vers le bas. La Parole de Dieu veut me rendre toujours plus libre de tout ce qui me rend esclave. Elle veut me libérer des choses qui m’enferment sur moi-même pour m’ouvrir aux autres. Elle m'invite sans cesse à l'amour, à la confiance, à l'espérance, à une liberté intérieure plus grande. C'est cela la main tendue de Dieu vers chacun de nous.

CB : Oui, pour nous tirer vers le haut, Dieu vient nous chercher là où nous sommes, très bas. Alors, pour finir, j’aimerais citer un autre chrétien. Il s’agit de Christian Bobin, un écrivain français du XXIe siècle. Voici ce qu’il écrit dans « Le Très-Bas » : « La Bible est un livre qui est fait de beaucoup de livres, et dans chacun d’eux beaucoup de phrases, et dans chacune de ces phrases beaucoup d’étoiles, d’oliviers et de fontaines, de petits ânes et de figuiers, de champs de blé et de poissons – et le vent, partout le vent, le mauve du vent du soir, le rose de la brise matinale, le noir des grandes tempêtes. Les livres d’aujourd’hui sont en papier. Les livres d’hier étaient en peau. La Bible est le seul livre d’air – un déluge d’encre et de vent. […] Un livre impossible à tenir entre deux mains calmes pour une lecture sage, lointaine ».

AL : Un livre de vie !

CB : Alors, bonne lecture !

AL et CB : Amen.